MCBA: Le plus légalisé des musées

On ne sait pas si le Pôle muséal du canton de Vaud,  installé à côté de la gare de Lausanne, sera le plus beau, le plus visité, le plus « ouf » architecturalement parlant, le plus captivant grâce à ses collections, mais ce qui est sûr, c’est qu’il sera le plus légalisé, et donc le plus démocratique, de tous les musées…  La Cour de droit administratif et de droit public du Tribunal cantonal  vient en effet de lever les deux recours déposés suite à la levée par la Municipalité de Lausanne des oppositions déposées contre cette construction.

Il n’est plus interdit d’imaginer que le chantier démarre d’ici la fin de l’année, même si les opposants peuvent encore saisir le Tribunal fédéral.

C’est l’honneur des démocraties que de permettre à des opposants de faire valoir leurs arguments, mais c’est aussi l’honneur des collectivités publiques comme le canton de Vaud et la Ville de Lausanne de défendre des projets au service de tous.

Pour fonctionner, une société n’a pas seulement besoin de métros ou d’autoroutes qui irriguent ses voies de communication, elle se doit aussi de faire rêver et de stimuler l’esprit critique des citoyens. Les musées ouverts sur les créations artistiques d’hier et d’aujourd’hui sont à cet égard un bien vital, précieux, nécessaire. Sous les prescriptions de police des bâtiments et d’aménagement du territoire, il est heureux que les juges aient tranché en faveur de l’art, et de la part du rêve.

Suisse-UE: quinze mois plus tard

Il a été ferme, vaillant, offensif  *. Convoqué devant une Commission du Parlement européen il y a quelques jours, Roberto Balzaretti, ambassadeur de Suisse au près de l’Union européenne, a bien défendu nos intérêts suisses. A un euro-député qui lui faisait remarquer que la Confédération profite grandement du marché intérieur européen, il a rétorqué en substance : oui, nous en profitons, mais vous aussi, la Suisse donne du travail à des centaines de milliers d’Européens, compte tenu des taux de chômage dans certaines régions, cette réalité n’est pas négligeable.Il a été ferme, mais il n’est pas sûr que cela suffise à ébranler la position européenne affirmée avant et après la votation du 9 février 2014 : la libre-circulation des personnes est un principe non négociable. A chacun ses dogmes.Qu’avons nous obtenu en 15 mois de contact avec les Européens ? Pas grand chose : on discute, on se parle mais on ne négocie pas, c’est maigre alors que l’horloge tourne, l’initiative « Contre l’immigration de masse » contenant un date d’application brute au 9 février 2017.De plus, l’UE, au-delà de quelques belles paroles de ses dirigeants, ne va pas être d’une grande disponibilité pour passer des actuelles discussions informelles à une phase de négociation sérieuse. D’ici à 2017, elle va être prioritairement préoccupée par le referendum britannique sur l’appartenance à l’Union, un dossier autrement plus stratégique pour elle que les états d’âme des Suisses et leur impression d’être envahis, alors que leur économie se porte bien.Outre le Brexit, l’UE est focalisée sur le drame des migrants en Méditerranée, la sortie de la crise de la zone euro, l’Ukraine, le dégel avec la Russie poutinienne,…. La question des réfugiés constitue parmi tous ses casse-tête le seul où la Suisse peut démontrer concrètement sa bonne volonté et son souci de coopérer à une solution commune. Cela est dû à notre appartenance aux accords de Schengen-Dublin.Surtout, l’UE attend nos propositions, et le Conseil fédéral attend lui la fin de la procédure de consultation sur son projet de mise en œuvre.Que faire en attendant ?Les partis doivent débattre de leurs visions de l’intégration de la Suisse en Europe.  Pourquoi notre pays serait-il le seul dans lequel les élections nationales ne servent pas à débattre de politique, c’est-à-dire des solutions que proposent les partis sur les enjeux les plus cruciaux ?Il faut aussi que le gouvernement et les décideurs économiques et académiques commencent à dire la vérité : s’ils souhaitent maintenir nos relations bilatérales, les Suisses devront se résoudre à des nouveaux pas d’intégration en direction de l’UE. Car quelle que soit la solution retenue, nous devrons revoter. Il faut donc en finir avec l’UE-bashing et soigner la pédagogie.

* Texte paru dans Il Caffè le 17 mai 2015