Genève: choc et tendances

Genève apprivoise l’élection majoritaire à deux tours. Le choc est sanglant: déjà une conseillère d’Etat, la Verte Michèle Künzler, jette l’éponge, reléguée dans le bas du classement.

Devant le succès du MCG, certains ironisent déjà: une Genferei de plus. Ils ne connaissent manifestement pas le Tessin et le succès de la Lega. Toute la Suisse devrait pourtant désormais s’en préoccuper, la non prise en compte des problèmes frontaliers génère un effet populiste durable dans les urnes. Le MCG comme la Lega doit ses triomphes à l’absence de réponses concrètes de la classe politique classique aux désordres ou déconvenues d’une part de la population qui n’adhère pas à la globalisation glorieuse, faute souvent d’en bénéficier. L’avertssement est clair alors que l’an prochain par trois fois les Suisses seront appelés à confirmer le principe de la libre-circulation des personnes avec l’UE.

Le match socialistes/verts tourne court. Les écologistes pensaient faire jeu égal avec le PS. A Genève comme lors des élections fédérales, ils perdent du terrain. Leur message s’est brouillé sous la concurrence des Vert’libéraux. Après les pionniers, la seconde génération de « leaders » peine à porter haut le flambeau. Pour réussir dans un Conseil d’Etat, il faut avoir une personnalité forte, un brin carnassière, en tout cas capable d’encaisser des coups et d’en donner. Le profil de militant gentil et loyal convient bien aux assemblées de partis qui choisissent mais pas à l’exercice du pouvoir.

Avec Pierre Maudet et François Longchamp en tête du premier tour, les libéraux-radicaux confirment une sorte de leadership moral: quand il s’agit de gouverner, leurs personnalités inspirent confiance. Mais les électeurs ne sont pas tout à fait cohérents puisqu’ils ne les dotent pas d’une représentation parlementaire à la hauteur. Dans la roue des PLR, les 2 PDC font une jolie performance.

Rien n’est cependant joué pour le second tour. La gauche peut encore se ressaisir, et le MCG devra négocier finement avec l’UDC pour ne pas galvauder l’avance de Mauro Poggia. D’ici au 10 novembre, il ne sera plus question que de savoir qui a l’étoffe d’un ministre, c’est-à-dire qui est vraiment capable de travailler avec les autres partis au gouvernement comme au Grand Conseil.