Lausanne, quel avenir pour le no man’s land de Beaulieu ?

Les Lausannois ont refusé l’édification de la tour Taoua sur le site de congrès de Beaulieu. Un score serré de 51,9% de non, avec une participation de 37,4%.

La Municipalité s’attendait à ce résultat, elle a senti le vent tourner il y a quinze jours déjà dans les séances d’information qu’elle a organisées. La pédagogie a butté sur l’esthétique, comme si la vue et la joliesse devaient toujours plus compter que les impératifs d’économie, de logement, de formation. Ce vote a quelque chose du caprice d’enfants gâtés, de Peter Pan qui ne ne veulent pas grandir.

C’est un revers, moins pour les politiciens socialistes et radicaux qui se sont engagés en faveur du projet que pour Beaulieu. Le centre de congrès va subir de plein fouet la concurrence du Swiss Tech Convention Center, qui vient d’ouvrir. Les organisateurs d’événements seront séduits par la modernité des installations de l’EPFL, sans que Beaulieu puisse s’appuyer sur la tour Taoua et sa multfonctionnalité pour acroître son dynamisme et son attractivité.

Porte d’entrée Sud des quartiers renouvelés par Métamorphose, Beaulieu risque de rester ce no man’s land qu’il est en dehors des semaines de foires et de quelques soirées culturelles. Une sorte de grand trou noir dans la Ville, comme le fut longtemps le quartier du Flon.

Pour Lausanne, c’est clairement une occasion manquée, alors que la cité et toute l’agglomération sont saisies par une frénésie de densification mais aussi de meilleure structuration de l’espace public.

L’exemple du Flon permet une once d’optimisme. Le quartier a fini par se replacer au centre de Lausanne et des déplacements de ses habitants, après des décennies de palabres, de controverses, et de plans architecturaux audacieux refusés.

Le site de Beaulieu mérite d’être redynamisé à l’avantage de la population. L’arivée du M3 donne l’occasion de chercher une solution mieux négociée avec les habitants, mais peut-être aussi plus ambitieuse architecturalement.

Lausanne n’est pas qu’une petite cité lovée au pied de sa cathédrale du XIIIème siècle. Pourquoi serait-elle condamnée à ne pas rêver à une des ces nouvelles cathédrales du XXIème siècle que sont les tours fières de filer vers les cieux et de signer l’identité d’une communauté?