Chic, des retraites plus longues

La semaine dernière, l’OCDE (L’organisation de coopération et de développement économiques) nous a appris que l’espérance de vie a dépassé pour la première fois 80 ans en moyenne dans ses 34 pays-membres.  Depuis 1970, on a gagné dix ans de vie. Ce sont les Suisses qui devraient vivre le plus longtemps (82,8 ans), devant les Japonais et les Italiens (82,7). En fait, les championnes sont les Suissesses, leur espérance de vie atteint 84,7 ans !

C’est une bonne nouvelle, nous ne payons pas pour rien notre système de santé à prix d’or. Nous en bénéficions concrètement.

Mais vu sous un autre angle, ce progrès complique la tâche de ceux qui, comme Alain Berset, sont chargés d’assurer notre système de retraite. Le conseiller fédéral socialiste vient de présenter son projet de réforme « Prévoyance vieillesse 2020 ». Le chef du Département fédéral de l’intérieur ne touche pas à l’âge de référence pour toucher l’AVS, cela reste 65 ans (mais désormais pour les femmes aussi).  Il prévoit plus de flexibilité entre 62 et 70 ans, une hausse de la TVA et une baisse du taux de conversion des avoirs du deuxième pilier. Au vu des réactions, ce paquet de mesures additionne les mécontents, à droite et à gauche. Cela signifie pourtant qu’il repose sur une symétrie des sacrifices, très emblématique du compromis helvétique : chaque partie doit admettre des concessions pour obtenir une solution équilibrée.

Anticipant l’annonce de Berset, les libéraux-radicaux ont formulé une proposition très astucieuse. Ils estiment nécessaire de tenir compte de l’augmentation de l’espérance de vie. Aussi proposent-ils que pendant une vingtaine d’années on augmente l’âge de la retraite de référence d’un mois, pour parvenir à 66,5 ans. Ce changement graduel se ferait par ordonnance, ce qui éviterait la dramatisation d’une votation.

Scandaleux ? Pas vraiment. Il faut considérer les modifications des parcours de vie: on se marie plus tard, les enfants naissent donc plus tard, ils se forment plus longtemps et partent plus tard du foyer familial. Il faut arrêter d’exiger de pères et de mères de famille qu’ils cessent toute activité professionnelle alors qu’ils ont encore de jeunes adultes à entretenir ou qu’ils viennent juste d’arrêter de payer pour eux.

Il est grand temps que les Suisses refondent leur système de prévoyance vieillesse en fonction de la manière dont ils vivent actuellement et pas selon le modèle de leurs ancêtres. L’allongement de la vie est une chance, pas une calamité. Son financement ne devrait  pas nous angoisser, mais nous réjouir.

* Chronique parue en italien dans le Caffè le dimanche 24 novembre:

http://www.caffe.ch/stories/il_punto/45239_le_pensioni_seguono_la_svizzera_longeva/