Volontaires contre la mafia

L’Hebdo
– 29. septembre 2011
Page: 144
Volontaires contre la mafia
CHANTAL TAUXE CORLEONE
Chaque été en Italie, toujours plus de jeunes bénévoles travaillent dans les champs confisqués aux parrains. Contre le pouvoir séculaire des clans, mouvements citoyens et coopératives inventent un nouveau modèle économique.
A quelques kilomètres au sud de Palerme. Les collines de San Giuseppe Jato, non loin de Corleone, ce fief de la mafia mondialement connu grâce à la saga du Parrain de Coppola. Le soleil frappe si fort qu’il anéantit toute volonté. Il faut être fou pour travailler dans ces conditions, à plus de 40 degrés. Fou ou extrêmement motivé. Sous la conduite experte de Pippo, une dizaine de garçons et filles manient les sécateurs au milieu des plants de vigne. Des ouvriers agricoles qui n’ont pas le choix? Non, des volontaires. Au lieu d’être à la plage en cette période de Ferragosto, ils se sont annoncés pour s’occuper bénévolement des biens confisqués aux mafieux.
Dans sa lutte déjà séculaire contre la mafia, l’Etat italien a mis du temps pour trouver les bonnes armes et n’a pas toujours fait preuve de constance. Nombre de ses plus hauts magistrats, le général Dalla Chiesa, les juges Falcone et Borsellino ont payé de leur sang leur volonté d’endiguer le pouvoir de Cosa Nostra. Les assassinats de ces trois-là, d’une brutalité inouïe, ont marqué les esprits bien au-delà des frontières italiennes. On connaît moins le nom de Pio La Torre, un député, qui finit lui aussi sauvagement massacré, mais qui eut l’idée d’inscrire dans les lois la confiscation des biens des parrains. Une manière de toucher au cœur le système de captation économique, de capitalisme sauvage exacerbé, disent certains experts, qu’est avant tout la mafia.
Un patrimoine colossal. L’Etat italien a ainsi accumulé au fil des années des milliers de m2 de terrain, mais aussi des immeubles, des entreprises de toutes sortes dans toute la Péninsule, les mafieux ne se privant pas de s’offrir, comme n’importe quel homme d’affaires à succès, un joli domaine en Toscane. Un patrimoine constitué au total de 1395 entreprises et 9922 immeubles, selon un décompte de l’Agence nationale des biens séquestrés et confisqués datant d’avril dernier. Compte tenu de ses notoires et anciens problèmes d’endettement public, il aurait pu songer à les vendre. Mais qui, en Sicile, en Calabre, ou en Campanie, oserait se porter acquéreur d’une maison ou du champ d’un boss en prison sans craindre pour sa vie? C’est ainsi que sont nées les coopératives comme celle de San Giuseppe Jato. Le terrain appartient formellement à la commune, la coopérative reçoit mandat de l’exploiter pour trente ans. Trente ans, c’est à la fois long et court pour changer les mentalités et inventer un modèle d’exploitation économique viable.
Francesco Galante veut y croire. A 29 ans, il est président de la coopérative Légalité et développement de la commune de San Giuseppe Jato. Il est aussi responsable de la communication de Libera Terra Mediterraneo, l’entité qui fédère les multiples mouvements d’engagement antimafia. Il a étudié le commerce et l’agriculture. Avec la conviction d’un croisé et l’énergie d’un pionnier, il explique le triple pari éthique, social et économique des coopératives: «Payer les ouvriers correctement, donner du travail à des handicapés (physiques ou mentaux), produire bio pour séduire les consommateurs et respecter les critères du développement durable.» Pour relever tous ces défis, le renfort de bénévoles en été est bienvenu. D’autant que souvent, les terrains ont été laissés plusieurs années à l’abandon avant d’être confiés à une association. Pour reprendre la production, il faut les remettre en état.
Fascination vénéneuse. «Il faut aider, c’est notre terre, lâche Adriano. Si nous ne le faisons pas, qui nous libérera de la mafia?» Ce scout de 18 ans est venu d’Avola dans l’est de l’île pour apporter sa contribution concrète à la lutte antimafia. Depuis deux heures, il taille la vigne du consortium Légalité et développement. A l’entrée de la parcelle, une petite plaque rappelle que ce terrain a bien été confisqué à la mafia, sans toutefois préciser à qui exactement. L’après-midi et le soir, les participants à ces camps de vacances pas comme les autres suivent des cours ou des conférences pour mieux connaître le phénomène mafieux. Les témoignages des anciens, qui ont vécu sous l’emprise des clans, sont sollicités. Une façon d’anéantir la vénéneuse fascination que distillent des films comme Le Parrain de Coppola et tant de séries télévisées.
Adriano et ses amis ne constituent pas un cas isolé «d’engagement citoyen», le nombre de bénévoles croît chaque année. En cet été 2011, ils sont plus de 4000 à s’être portés volontaires dans les différents camps de vacances organisés dans le sud de l’Italie, dans les fiefs historiques des diverses mafias qui gangrènent pas moins de 15% du PIB italien. Au début du mouvement, les bénévoles (qui paient leur voyage et leurs frais de séjour) venaient surtout du nord et du centre de l’Italie. Mais désormais des Siciliens se montrent intéressés, se réjouit Francesco Galante. Un signe que les consciences se réveillent.
Lisa confirme: «C’est une expérience qui fait grandir, qui nous rend plus intelligent.» Adriano veut, lui, inscrire son engagement antimafia dans une perspective plus large en cet été où l’Italie berlusconienne agonise sous les coups de boutoir de la crise financière: «C’est à nous, les jeunes, de rénover la classe politique.»
L’appel ne s’arrête pas aux côtes de l’île ou aux frontières italiennes. Plus ou moins calquées sur la maison mère sicilienne, les mafias ont désormais gangrené nombre de pays où la culture de la légalité est défaillante. Les experts observent toutefois que la législation n’a pas suivi le spectaculaire développement de leurs affaires. Alors que les lois italiennes s’étoffent pour mieux traquer l’argent sale dans des business apparemment propres, au risque de générer une bureaucratie décourageant les meilleures volontés, nombre de pays européens ne connaissent pas le délit d’association mafieuse ni de politique de confiscation et de restitution de leur patrimoine. Utopistes, mais si ardents à la tâche, les coopérateurs et les bénévoles italiens sont des pionniers trop ignorés.
«Je m’appelle Provenzano.» Pendant que Pippo montre à Giadda ou Martina comment tailler correctement la vigne, un paysan s’approche et se mêle à la conversation. Lui aussi produit bio. En Sicile, c’est plus facile qu’ailleurs: grâce au soleil, tout pousse sans grandes difficultés, pas besoin d’engrais. Il dit son admiration pour ces braves citadins idéalistes qui affrontent la canicule avec le sourire. Il détaille les conditions de vie ingrates des agriculteurs italiens: «L’Etat ne fait rien pour nous, je travaille vingt heures par jour et je n’aurai même pas 380 euros de retraite.» Et il se présente: «Je m’appelle Provenzano.» Devant l’inquiétude que son patronyme, identique à celui de Bernardo, capo dei capi arrêté en avril 2006, pas très loin d’ici, après plus de quarante ans de cavale, suscite auprès du visiteur étranger, il précise: «Mais je n’ai rien à faire avec lui.»
«Ils s’appellent tous Provenzano par ici», rigole plus tard Francesco Galante. L’anecdote rappelle que l’ombre de la mafia n’est jamais très loin. Lorsque la coopérative a pris possession de la vigne confisquée, il y a eu pendant deux ans quelques épisodes d’intimidation. Puis cela s’est calmé. Pour créer un peu de sympathie autour des coopératives et des bénévoles, leurs responsables ne manquent pas d’organiser des fêtes, des événements culturels en associant les populations locales. Une visibilité qui cherche également à rendre l’aventure des coopératives crédible. Vingt-huit pour cent des jeunes Siciliens de moins de 35 ans sont au chômage. S’ils n’ont pas de perspectives de travail, ils tomberont dans les bras de la mafia. Un signe inquiète d’ailleurs les experts: longtemps les jeunes criminels arrêtés portaient des noms connus appartenant aux clans qui structurent Cosa Nostra. Récemment, la police a mis sous les verrous des apprentis mafieux aux patronymes non répertoriés. L’Etat italien se donne les moyens de remplir les prisons avec des centaines de mafieux et d’inquiéter toujours plus leurs complices complaisants, mais les perspectives économiques anémiques ramènent vers l’illégalité des générations de laissés-pour-compte qui ne trouvent pas à s’occuper autrement.
Le poids des hypothèques. Pourtant les coopératives se multiplient. En Sicile, mais aussi dans le sud de la Botte. Francesco Galante est souvent appelé comme consultant pour en faire démarrer d’autres. Mais elles ne sont pas encore assez nombreuses pour remettre les jeunes chômeurs dans le cercle vertueux du business propre. Un des freins à leur essor vient de l’Etat lui-même. Les procédures qui remettent les biens confisqués dans la légalité traînent des années, regrette Francesco Galante. Elles se compliquent d’enjeux financiers: souvent les boss ont acheté avec le concours de banques qui ne veulent pas faire une croix sur les hypothèques. Et quand une affaire, naguère gérée par la mafia, essaie de redémarrer, ses repreneurs se heurtent aux fournisseurs qui ne livrent plus aux mêmes conditions sous-évaluées ou aux distributeurs qui ne veulent pas prendre de risques.
La distribution justement. Des produits de la terre aux clients, les coopératives se sont organisées pour maîtriser l’entier de la chaîne. Depuis 2006, un réseau de 11 boutiques s’est développé dans la Péninsule, à l’enseigne de Sapori e saperi della legalità (Saveurs et savoirs de la légalité). S’y écoulent sous l’étiquette Libera Terra (Terre libre) des pâtes, des purées de tomate, de l’huile d’olive, des légumes secs, du vin, toutes sortes de produits certifiés bios et antimafia. La chaîne Coop (qui n’est pas liée avec l’enseigne suisse) diffuse aussi largement cette gamme éthique… et un peu plus chère. Une bouteille de vin blanc vaut environ 10 euros, un prix que la haute qualité naturelle des vins siciliens peut justifier, mais qui reste élevé pour les clients italiens. La production trouve ses principaux débouchés dans les villes du nord du pays, où le pouvoir d’achat est meilleur et où existe une clientèle adepte de produits sains, dans la mouvance slow food.
Emblèmes talismans. Située sur les hauteurs de la ville, la Boutique de la légalité de Corleone a une valeur surtout «symbolique», prévient Francesco Galante. Elle a été inaugurée il y a un an, en août 2010, en présence des ministres de l’Intérieur Maroni et de la Justice Alfano, deux proches de Silvio Berlusconi.
A côté de la porte d’entrée, des plaques avec les emblèmes de l’Union européenne, de divers ministères et associations, semblent faire office de talismans protecteurs. L’échoppe est en effet installée dans les locaux d’un pressing confisqué à la femme de Bernardo Provenzano, laquelle habite encore au bout de l’impasse. «La famille n’entre jamais, mais quand l’un ou l’autre d’entre eux nous aperçoit, il salue d’un signe de tête», raconte Vincenzo Bilello, gérant de ce petit territoire soustrait à la puissance d’un des clans les plus dangereux de Cosa Nostra.
Il n’y a pas eu de menaces, assure cet universitaire qui a étudié à Florence, mais a décidé de revenir bâtir son futur dans son Corleone d’origine. Pas d’hostilité mais pas de normalité non plus, surtout beaucoup d’indifférence. Les habitants ne viennent pas se fournir dans ce magasin, ce sont avant tout les touristes qui le fréquentent, toujours en plus grand nombre, depuis que le maire de Corleone et divers mouvements citoyens ont décidé de propager une autre vision de leur ville, loin du romantisme sanglant et décadent du Parrain.
La Boutique de la légalité abrite ainsi un émouvant musée de la lutte antimafia, illustrée par de monumentales fresques du peintre Gaetano Porcasi. Les touristes y apprennent que le combat contre l’emprise des clans a déjà plus d’un siècle. Entre le deuxième et le troisième étage, figurent sur un mur, en petits caractères, les noms des personnalités les plus en vue qui l’ont mené, depuis le marquis palermitain Emanuele Notarbartolo, qui tenta en vain d’alerter la jeune République de la menace qui couvait. Il n’y a désormais plus de place pour y ajouter de nouvelles victimes.
Ces dernières années, la mafia sicilienne a choisi la discrétion. Sous la direction de Provenzano, avant son arrestation, elle a mis fin aux exécutions spectaculaires des envoyés de l’Etat qui obligeaient celui-ci à riposter de plus belle. Elle a redécouvert le potentiel du pizzo, du racket: le vendeur de rue comme l’entrepreneur doit s’acquitter d’une taxe de 50 à 800 euros par mois. Plusieurs centaines de millions d’euros (170 rien que dans la province de Palerme, selon une étude sur le crime organisé financée par l’Union européenne) viennent ainsi irriguer les autres affaires et les nombreux canaux de recyclage d’argent sale toujours plus sophistiqués que Cosa Nostra développe au nord et dans d’autres pays. Une des fresques du musée antimafia de Corleone rend hommage à Libero Grassi. En 1991, cet entrepreneur du textile refusa de s’acquitter de la taxe avilissante. Il le fit dans une lettre ouverte à son extorqueur publiée en première page du Giornale della Sicilia. Il fut bien sûr assassiné quelques mois plus tard. Son courage a donné naissance au mouvement Addiopizzo, soutenu depuis quelques années seulement par le patronat italien, qui enjoint les chefs d’entreprise à ne pas se laisser intimider.
Une goutte d’eau vertueuse. On célèbre cette année les 20 ans de cet acte citoyen fondateur. La veuve de Libero Grassi a confié le réconfort qu’elle éprouve à fréquenter les jeunes qui s’engagent dans les mouvements antimafia. Elle les considère comme «ses petits-enfants», a-t-elle dit au magazine L’Espresso. Reste que Addiopizzo n’a que 700 affiliés sur 100 000 potentiels dans la province de Palerme, note Francesco Galante. Une goutte d’eau vertueuse dans un océan de lâcheté. Sur une autre paroi, le musée rappelle le cruel destin de Giuseppe Impastato. Fils de mafieux, horrifié par un règlement de comptes qui se déroula sous ses yeux, il décida de s’opposer aux clans. Il devint journaliste et syndicaliste agricole. En 1978, il fut enlevé, torturé puis ligoté, le torse entouré de dynamite, sur la ligne Palerme-Trapani où un train vint le percuter. Cent pas séparaient sa demeure de celle d’un mafieux. «Cento Passi», c’est le nom d’un film qui retrace son engagement, et c’est le nom de la cave qui vinifie les 350 000 bouteilles de la coopérative certifiée antimafia des collines de San Giuseppe Jato.
En énumérant l’itinéraire de quelques- uns de leurs prédécesseurs dans le défi à Cosa Nostra, Francesco Galante et Vincenzo Bilello précisent avec ce mélange impressionnant de dignité et d’humilité qu’ils mettent dans leur engagement: «Il ne faut pas les voir comme des héros. S’ils sont des héros alors le choix qu’ils ont fait ne peut être attendu de tous. Il ne s’agit pas d’héroïsme mais de citoyenneté. Contre les mafias, il faut plus de sens civique.»
COMBAT
Contre Cosa Nostra, l’Etat italien a envoyé les forces de l’ordre, la police, l’armée, les juges. Désormais, la société civile envoie des bénévoles pour remettre dans le circuit économique légal les biens confisqués. A droite, un groupe de 8 volontaires dans les vignes près de Corleone, parmi les 4000 jeunes Italiens engagés en cet été 2011.
MUSÉE
Les toiles de Gaetano Porcasi retracent la lutte antimafia.
SYMBOLES
Corleone, fief mythique de la mafia, abrite depuis un an un petit musée de la lutte antimafia et une boutique de la légalité qui vend le vin produit sur les terres confisquées aux clans de la région.
Notre pari est triple. Payer les ouvriers correctement, donner du travail à des handicapés, produire bio pour séduire les consommateurs et respecter les critères du développement durable.
Francesco Galante, président de la coopérative Légalité et développement de la commune de San Giuseppe Jato
Si Falcone ou Borsellino sont des héros alors le choix qu’ils ont fait ne peut être attendu de tous. Il ne s’agit pas d’héroïsme mais de citoyenneté. Contre les mafias, il faut plus de sens civique.
Vincenzo Bilello, gérant de la Boutique de la légalité à Corleone
CORLEONE
ITALIE
Région Sicile Commune Corleone Population 11 373 hab. Densité 50 hab./km2 Altitude 600 m Superficie 229 km2 Fuseau horaire GMT/UTC + 1
Le testament de Paolo Borsellino
«La lutte contre la mafia ne doit pas seulement être une froide opération de répression, mais un mouvement culturel et moral, religieux également, qui implique chacun: tous ceux qui sont habitués à sentir les beautés du frais parfum de la liberté qui s’oppose à la puanteur de la compromission morale, de l’indifférence, de la proximité et donc de l’indifférence.»

LE VOTE NUNUCHE

L’Hebdo
– 22. septembre 2011
Page: 23
SUISSE
GRÂCE ET DISGRÂCE
LE VOTE NUNUCHE
CHANTAL TAUXE RÉDACTRICE EN CHEF ADJOINTE
L’année 2011 restera celle où les Suisses auront pu fredonner avec Aragon et Ferré: «La femme est l’avenir de l’homme». Après l’accident de Fukushima, les quatre femmes majoritaires au Conseil fédéral ont pris la décision historique de sortir du nucléaire. On ignore si dans ce choix courageux un ou plusieurs hommes les ont accompagnées. Qu’importe. En 2012, les féministes qui se sont réjouies vont déchanter. La probabilité qu’on ait encore quatre femmes au gouvernement, après le 1er janvier, est faible. Micheline Calmy-Rey s’en va, Eveline Widmer-Schlumpf est une cible. Dans le pire des cas, il ne nous restera que les deux chouchous des sondages: Doris Leuthard et Simonetta Sommaruga.
Au Parlement, le reflux est annoncé. On adorerait se tromper. Mais les signes avant-coureurs sont là, et ils n’augurent rien de rose sur le chemin de la parité.
Selon un décompte de l’ATS, il y a cet automne moins de candidates qu’il y a quatre ans: 32,3% contre 35% en 2007 et en 2003. Ce chiffre avoisine celui de 1991. En vingt ans, les partis sont toujours aussi nuls pour susciter les vocations féminines. De plus, on sait que la proportion de candidates est souvent très supérieure à celle des élues (27% en moyenne dans les deux Chambres). Le désastre est programmé.
Tendanciellement les Romands élisent moins de femmes que les Alémaniques. C’est bien en Suisse romande que le retour de balancier sera le plus cruel: deux politiciennes très cotées, la Genevoise Martine Brunschwig Graf et la Fribourgeoise Thérèse Meyer ne se représentent pas, et il n’est pas sûr du tout que des femmes les remplacent. D’autres conseillères nationales, d’un calibre moins confirmé, sont menacées par la présence sur leurs listes de personnalités nouvelles ou plus populaires. Les Romands n’envoient à Berne que 17 femmes pour 62 fauteuils, un maigre 27%.
Le vote femmes, volontariste, est, paraît-il, passé de mode. Il fait bâiller les jeunes électrices. Un comportement d’enfants gâtées. Les listes sont loin d’être paritaires, mais la plupart d’entre elles comportent des noms de candidates. On ne trahit pas ses convictions en privilégiant des femmes. Voter pour un parti et cumuler les candidates, ou panacher sa liste avec le nom d’une autre politicienne n’est pas un réflexe de féministe attardée. C’est une manière de s’assurer que certains domaines d’intérêt seront bien représentés et défendus à Berne. Le vote nunuche n’est pas celui que l’on croit.
LE VOTE FEMMES, VOLONTARISTE, FAIT BÂILLER LES JEUNES ÉLECTRICES.