Une rencontre avec Fulvio Pelli

Le conseiller national Fulvio Pelli, ancien président du PLR, vient d’annoncer son retrait de la vie politique. J’avais eu l’occasion de le suivre pendant la campagne des élections fédérales en septembre 2007, dans le cadre de l’opération « Blog & Breakfast », menée par L’Hebdo.

Extraits de notre rencontre dans son étude, à Lugano:

Dans le bureau de son étude à Lugano, Fulvio Pelli, a plus envie de défendre son credo politique que de commenter les moutons de l’UDC ou n’importe quelle autre histoire lancée par ce parti « pour attirer l’attention ». L’affaire Roschacher-Blocher va pourtant s’inviter au coeur de notre conversation, prévue de longue date. Le président des radicaux sera souvent interpellé par les medias, sommé de tirer des conclusions. Lui veut attendre d’être correctement informé avant de juger.

Je pose une question à laquelle les politiciens peinent à répondre franchement par peur de se faire mal voir : si la politique est devenue un show, est-ce la faute de la presse ? Fulvio Pelli se lance : « la presse informe sur ce qui se passe, mais je souhaiterais qu’elle soit plus différenciée, qu’il n’y ait pas seulement une approche people ou émotionnelle au jour le jour des événements, mais aussi de la réflexion. Je trouve la presse trop unidimensionnelle dans son traitement de l’information. Trop souvent, on réduit la politique à un combat entre deux personnes ou deux factions qui se disputent. Pour moi, la politique consiste à travailler avec les gens. Je ne désespère pas que le public se lasse des pseudo-événements ou de ces affaires d’affiche. Je crois que, lentement, les citoyens vont en avoir assez du show politique, et se réintéresser au contenu ».
« C’est ce que je fais depuis que je suis président des radicaux suisses, préparer mon parti du point de vue des contenus, afin qu’il soit prêt à discuter avec les autres formations. Mais quatre moutons apparaissent sur une affiche et rejettent tout dans d’autres plans. Tous les projets disparaissent du débat public. »
« Je ne nie pas qu’il y a un problème avec certains jeunes délinquants étrangers. Mais, il n’y a pas que ça. Ce n’est pas le principal problème de ce pays. Ce qui est plus important quand on parle des jeunes, c’est une bonne école, une bonne formation, des places de travail. La discussion sur les moutons chasse ces thèmes cruciaux pour l’avenir».

Tout de même cette affiche, qu’en pense-t-il ? « Elle est faite de manière intelligente, elle réveille la peur. Mais son message est affreux : que nous dit-on ? Que trois moutons décident d’expulser un quatrième. Mais qui décide de l’expulsion ? Non pas la justice, comme ce devrait être le cas dans notre Etat de droit, mais le peuple. C’est dangereux, primitif. C’est de la justice populaire, expéditive, comme au Moyen-Age, l’équivalent de la lapidation. On pousse les gens à faire justice par eux-mêmes. Ce n’est pas admissible. Cela dénote une absence de respect pour les institutions. Il est amoral d’encourager les gens à s’en prendre à des victimes sacrificielles ».
Laissons les affiches et parlons donc de l’avenir du parti radical. Fulvio Pelli s’étonne que l’on parle si peu de son renouvellement : 11 conseillers d’Etat sur 22 ont changé pendant la dernière législature. Une nouvelle génération radicale apparaît. Certes. Je demande de quel bois se chauffe cette nouvelle garde : représentants du parti de l’économie, comme les radicaux aiment à se proclamer, ou hérauts d’une synthèse entre libéralisme et responsabilité sociale ?
Fulvio Pelli profite de ma question pour me donner un petit cours d’histoire. Le radicalisme s’est toujours appuyé sur deux courants : d’une part des radicaux farouchement laïcs, d’autre part, des libéraux plus tolérants envers la religion, devenus ensuite aussi plus tolérants à l’égard de l’économie. Au Tessin depuis 1946, les deux ailes cohabitent sous l’étiquette « libérale-radicale » pour former un seul parti. « Parfois les divergences sont intenses, l’équilibre entre les deux ailes est toujours délicat, et il n’y a pas d’équilibre parfait. Mais c’est ce que je veux faire au niveau suisse : marier radicaux et libéraux, malgré leurs différences, car ce qui les réunit est plus fort que ce qui les divisent. En Suisse romande, il faudra que les libéraux-radicaux soient plus attentifs à la dimension économique. Et en Suisse alémanique, il faudra que les libéraux-radicaux développent une fibre plus sociale ».
Le Tessinois éclaire les rapports de son parti avec l’économie : « En perdant de son poids électoral, le parti radical est devenu moins indépendant, moins libre par rapport à l’économie. Deuxième faiblesse, dans les années nonante, au début de la mondialisation, quand l’économie a cru pouvoir snober les états, les patrons ne se sont plus engagés en politique. Les entrepreneurs ne se sont plus faits élire au parlement. On nous a envoyés des responsables d’organisations patronales, moins libres et moins confrontés à la vraie vie des entreprises. Heureusement, cela change, certains entrepreneurs font de nouveau preuve de sens civique ».
Fulvio Pelli dénonce une troisième faiblesse à laquelle il espère remédier : « Vingt-six cantons ne formaient pas une stratégie nationale, et un parti d’envergure nationale comme le parti radical se doit d’en avoir une. Lorsqu’un élu radical s’exprime, il ne doit pas le faire contre l’intérêt du parti, il doit avec conscience qu’il véhicule une part de notre image. »
Ce travail de renouvellement du parti radical suffira-t-il à conjurer la défaire prédite par les sondages ? Fulvio Pelli ne croit pas aux augures basés sur 1000 téléphones, qui font fi du découpage cantonal. Il dénonce des visées marketing de certains instituts ou de la presse. « On ne s’attend pas à de grands changements lors des élections fédérales de cet automne, alors certains créent des événements. Ils ne tiennent même pas compte dans la marge d’erreur propre à ce genre d’enquête et décrètent que les Verts vont mordre sur les socialistes ou que le PDC va surpasser les radicaux. Ces manipulations ont un côté pervers ».
La conversation est interrompue par un appel de « 10 vor 10 ».

Je prépare ma dernière question : l’examen des votes au Conseil national révèle un Fulvio Pelli beaucoup plus écologique que la moyenne du parti, et parfois en contradiction avec le mot d’ordre. Il confirme et explique : « j’ai de longue date une sensibilité écologique. Mais je suis président du parti et je dois prendre garde à ne pas le diviser. Je mène mes combats à l’interne, mais quand je perds, je respecte et défens loyalement le choix de la majorité du groupe, même si je m’abstiens au plénum, et je me garde de faire de la publicité autour de ma position personnelle. L’écologie est une chose trop sérieuse, ce n’est pas une question de parti. »
« Au cours de la prochaine législature, je souhaite intensifier la discussion à l’intérieur du parti sur l’environnement. Il ne faut pas punir les consommateurs par des taxes, mais faire en sorte d’industrialiser les énergies renouvelables. Quand les panneaux solaires coûteront deux fois moins cher, il y a en aura beaucoup plus ».

La Suisse marginalisée

Les sondages sur les objets de votation du 24 novembre ont créé une telle sensation que peu d’attention a été portée sur une des premières enquêtes d’opinion portant sur le prochain épisode : le scrutin du 9 février sur l’initiative de l’UDC « contre l’immigration de masse ». Réalisée par l’institut isopublic, elle indique que 52% des votants seraient prêts à accepter ce texte. Ce score confirme d’autres sondages sur la question, pas toujours rendus public, et le sentiment général éprouvé par maints décideurs : le principe de la libre-circulation des personnes ne dispose plus du soutien d’une majorité de Suisses.

La tendance est inquiétante: l’acceptation de cette initiative ou de celle d’ECOPOP, que  le Conseil fédéral vient d’envoyer cette semaine au Parlement, signifierait la fin des accords bilatéraux avec l’Union européenne, au nom de la clause guillotine : si la Suisse récuse un accord, alors tous les autres tombent, y compris ceux qui garantissent l’accès aux marchés européens de nos marchandises.

On peut se gausser de cette exigence de l’UE, prétendre que le Conseil fédéral « n’aura qu’à négocier » une solution alternative, cette incompréhension de la population tombe au plus mauvais moment.

Les partis, les Chambres et le gouvernement ont laissé se creuser un gouffre entre les Suisses et les nouveaux standards des relations internationales. Sont considérés comme sots et irresponsables ceux qui ne vomissent pas l’Union européenne.

A ne pas voir le continent et le monde tels qu’ils fonctionnent, la Suisse prend le risque de se retrouver à l’écart. J’en veux pour preuve la lente inquiétude qui monte dans le Département de Johann Schneider-Ammann. Notre ministre de l’économie vient de rencontrer le commissaire européen en charge du commerce, Karel De Gucht. Là encore, la nouvelle n’a pas eu à un grand écho. Ce 17 octobre, les deux hommes ont évoqué l’accord de libre-échange transatlantique actuellement en cours de négociation entre l’UE et les Etats-Unis (TAFTA). Si ces deux blocs, qui représentent nos principaux marchés d’exportation, s’entendent sur l’abaissement de leurs droits de douanes, ce sera un handicap pour notre industrie et notre agriculture. Leur entente pourrait aussi pousser les multinationales américaines qui avaient choisi la Suisse pour échapper au droit européen à revoir leurs lieux d’implantation puisqu’elles jouiront de règles américano-euro-compatibles.

Autre preuve d’une  marginalisation en cours de la Suisse si on y prend garde, de récents propos du commissaire européen Barnier, en charge du marché intérieur. Interrogé par la Radio romande le 9 octobre dernier, il a douché les espoirs helvétiques de négocier l’échange automatique d’information dans le domaine fiscal contre l’accès au marché des services financiers. L’accès au marché ne s’octroie pas à la carte, seulement pour les banques. Il concerne toutes les activités de services. L’UE cherche une solution pour les pays tiers, surtout pour les Américains, mais il n’y aura pas de traitement privilégié pour la Suisse, ce serait contraire aux règles de l’OMC.

Les nuages s’accumulent, quand bien même les Suisses veulent se persuader que l’été indien va se prolonger.

*Chronique parue dans Il caffè, le 27 octobre:

http://www.caffe.ch/stories/il_punto/44922_corriamo_il_rischio_di_trovarci_ai_margini/

Classement des parlementaires: où sont les Romands?

La Sonntagszeitung a publié son habituel classement des parlementaires. Pas sûr que l’on adopterait les mêmes critères et que l’on parviendrait aux mêmes résultats de ce côté-ci de la Sarine. Mais c’est toujours intéressant de voir comment nos champions régionaux sont perçus. Même si ce type de hit-parade a le don d’horripiler nos élus nationaux… surtout quand ils ne squattent pas les premiers rangs.

1 à 25

Urs Schaller (PDC/FR), le Romand alémanique, comme titre le journal, arrive en tête. Il est aussi le premier Fribourgeois.

Christophe Darbellay (PDC/VS) est 4e (et premier Valaisan)

Viola Amherd (PDC/VS) 6e

Christian Levrat (PS/FR) 7e

Roger Nordmann (PS/VD) 13e (et premier Vaudois)

Jean-François Steiert (PS/FR) 25e

26 à 50

Carlo Sommaruga (PS/GE) 31e (et premier Genevois)

Stéphane Rossini (PS/VS) 38e

Robert Cramer (Verts/GE) 42e

Géraldine Savary (PS/VD) 44e

Isabelle Moret (PLR/VD) 46e

De 50 à 100

Dominique de Buman (PDC/FR) 53e

Christian Luscher (PLR/GE) 54e

Luc Recordon (Verts/VD) 58e

Jean-René Fournier (PDC/VS) 60e

Jean-Fraçois Rime (UDC/FR) 61e

Liliane Maury-Pasquier (PS/GE) 68e

Antonio Hodgers (Verts/GE) 70e

Didier Berberat (PS/NE) 73e (et premier Neuchâtelois)

Guy Parmelin (UDC/VD) 81e

Claude Hêche (PS/JU) 82e (et premier Jurassien)

Laurent Favre (PLR/NE) 83e

Adèle Thorens Goumaz (Verts/VD) 84e

Ueli Leuenberger (Verts/GE) 85e

Anne Seydoux-Christe (PDC/JU) 86e

Luc Barthassat (PDC/GE) 87e

Ada Marra (PS/VD) 89e

Oskar Freysinger (UDC/VS) 91e

Hugues Hiltpold (PLR/GE) 97e

De 101 à 200

Jacques-André Maire (PS/NE) 121e

Yves Nigegger (UDC/GE) 130e

Jacques Bourgeois (PLR/FR) 136e

Josiane Aubert (PS/VD) 139e

Christian Van Singer (Verts/VD) 140e

Cesla Amarelle (PS/VD) 148e

Jean-Christophe Schwaab (PS/VD) 153e

Raphaël Comte (PLR/NE) 162e

Jacques Neirynck (PDC/VD) 164e

Jean-René Germanier (PLR/VS) 167e

Jean-Paul Gschwind (PDC/JU) 173e

Pierre-François Veillon (UDC/VD) 177e

Isabelle Chevalley (Vert’lib/VD) 178e

René Imoberdorf (PDC/VS) 181e

Céline Amaudruz (UDC/GE) 183e

Yannick Buttet (PDC/VS) 184e

Manuel Tornare (PS/GE) 189e

Olivier Français (PLR/VD) 198e

Pierre-Alain Fridez (PS/JU) 199e

Au delà du 200e rang:

André Bugnon (UDC/VD) 204e

Mathias Reynard (PS/VS) 205e

Maria Bernasconi (PS/GE) 206e

Jean-Pierre Grin (UDC/VD) 207e

Fathi Derder (PLR/VD) 210e

Eric Voruz (PS/VD) 215e

Olivier Feller (PLR/VD) 217e

Christine Bulliard-Marbach (PDC/FR) 220e

Valérie Piller Carrard (PS/FR) 221e

Francine John-Calame (Verts/NE) 224e

Mauro Poggia (MCG/GE) 233e

L’axe Chiasso-Genève

Une plaque tectonique vient de bouger en Suisse. Après Neuchâtel avec l’UDC Yvan Perrin, Genève est le deuxième canton romand à réserver un triomphe aux candidats au Conseil d’Etat articulant un discours anti-frontaliers. Le résultat devra être confirmé lors du second tour le 10 novembre, mais un représentant du Mouvement citoyens genevois, en l’occurrence le conseiller national Mauro Poggia, a de bonnes chances de faire son entrée au gouvernement.

On peut parler de plaque tectonique car jusqu’ici le vote anti-frontaliers était surtout le fait du Tessin, où la Lega s’est durablement installée comme parti d’exécutif. Et jusqu’ici les cantons de Neuchâtel et de Genève s’étaient toujours amplement rangés dans le camp des soutiens à la libre-circulation des personnes, contrebalançant le scepticisme des Alémaniques et des Tessinois sur ce principe fondant les accords bilatéraux avec l’Union européenne.

Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann va-t-il enfin prendre la mesure du risque ? Faute de mesures d’accompagnement crédibles, le Parti socialiste est à deux doigts de ne plus soutenir la libre-circulation des personnes. Sa direction le déciderait-elle par idéal européen que l’on peut parier que la base des électeurs ne suivra pas. Il est donc plus urgent que jamais de décider d’actions concrètes dans le domaine du logement et du dumping salarial.

La plaque tectonique en mouvement de Chiasso à Genève pourrait bien provoquer des répliques dévastatrices en 2014. Beaucoup de décideurs romands le redoutent. Il faut dire que la libre-circulation des personnes a beaucoup profité à la région. Parallèlement à ses efforts budgétaires, Vaud y a puisé l’énergie pour redevenir un canton dynamique, riche même, au sens où il contribue à la péréquation financière confédérale.

Cette performance est telle que la plupart des cantons romands prévoient pour l’an prochain des chiffres noirs, alors que seuls quatre alémaniques sont en mesure de le faire. Quel renversement en une décennie ! Les Welsches ne se sont pas adonnés à la concurrence fiscale féroce qui a sévi Outre-Sarine, et ils ont diversifié leur tissu économique, la libre-circulation des personnes leur permettant de trouver les employés les plus adéquats. Résultat, l’Arc lémanique connaît une croissance économique supérieure à la moyenne suisse, avec en prime un pactole de rentrées fiscales.

La crainte est désormais que les conditions-cadres qui ont favorisé cette renaissance soient bouleversées par un non à la libre-circulation des personnes au cours d’une des trois votations de l’an prochain, qui entraînerait la résiliation des accords bilatéraux.

Le vote genevois est un dernier avertissement avant le tremblement de terre.

* version en français de ma chronique du Caffè, parue le 13 octobre:

http://caffe.ch/stories/il_punto/44760_terremoto_di_frontiera_da_chiasso_a_ginevra/

Fribourg: mobilisation moindre

Une élection complémentaire tient toujours un peu de la loterie, et permet parfois de faire basculer la majorité du Conseil d’Etat en cours de législature. Ce ne sera pas le cas à Fribourg. Jean-François Steiert n’a pas recapitalisé toutes les voix du premier tour (34505). Il n’est en tête que dans un seul district, celui de la Sarine, mais cette avantage urbain ne suffit pas. Avec 31352 voix, il rate son entrée au gouvernement pour 562 voix. Le PDC Jean-Pierre Siggen est donc  élu à la succession d’Isabelle Chassot.

C’est un revers pour le parti socialiste fribourgeois qui a placé Alain Berset au Conseil fédéral et Christian Levrat au Conseil des Etats dans la foulée. Jean-François Steiert n’ a pas bénéficié du même élan, alors qu’il a beaucoup et très loyalement contribué au succès de ses deux compères.

Genève: choc et tendances

Genève apprivoise l’élection majoritaire à deux tours. Le choc est sanglant: déjà une conseillère d’Etat, la Verte Michèle Künzler, jette l’éponge, reléguée dans le bas du classement.

Devant le succès du MCG, certains ironisent déjà: une Genferei de plus. Ils ne connaissent manifestement pas le Tessin et le succès de la Lega. Toute la Suisse devrait pourtant désormais s’en préoccuper, la non prise en compte des problèmes frontaliers génère un effet populiste durable dans les urnes. Le MCG comme la Lega doit ses triomphes à l’absence de réponses concrètes de la classe politique classique aux désordres ou déconvenues d’une part de la population qui n’adhère pas à la globalisation glorieuse, faute souvent d’en bénéficier. L’avertssement est clair alors que l’an prochain par trois fois les Suisses seront appelés à confirmer le principe de la libre-circulation des personnes avec l’UE.

Le match socialistes/verts tourne court. Les écologistes pensaient faire jeu égal avec le PS. A Genève comme lors des élections fédérales, ils perdent du terrain. Leur message s’est brouillé sous la concurrence des Vert’libéraux. Après les pionniers, la seconde génération de « leaders » peine à porter haut le flambeau. Pour réussir dans un Conseil d’Etat, il faut avoir une personnalité forte, un brin carnassière, en tout cas capable d’encaisser des coups et d’en donner. Le profil de militant gentil et loyal convient bien aux assemblées de partis qui choisissent mais pas à l’exercice du pouvoir.

Avec Pierre Maudet et François Longchamp en tête du premier tour, les libéraux-radicaux confirment une sorte de leadership moral: quand il s’agit de gouverner, leurs personnalités inspirent confiance. Mais les électeurs ne sont pas tout à fait cohérents puisqu’ils ne les dotent pas d’une représentation parlementaire à la hauteur. Dans la roue des PLR, les 2 PDC font une jolie performance.

Rien n’est cependant joué pour le second tour. La gauche peut encore se ressaisir, et le MCG devra négocier finement avec l’UDC pour ne pas galvauder l’avance de Mauro Poggia. D’ici au 10 novembre, il ne sera plus question que de savoir qui a l’étoffe d’un ministre, c’est-à-dire qui est vraiment capable de travailler avec les autres partis au gouvernement comme au Grand Conseil.

Italie: Tu quoque mi fili

Divine surprise, quoiqu’attendue: Angelino Alfano, dauphin préféré de Silvio Berlusconi, secrétaire et numéro deux du Peuple de la Liberté (PDL), a appelé « tout le parti » à voter la confiance mercredi au gouvernement d’Enrico Letta. Au vieux Caïman, à qui il doit sa carrière, Alfano, 43 ans à la fin du mois, préfère sa crédibilité future de politicien. A l’annonce de ce revirement, la bourse de Milan a rebondi. Les marchés n’aiment décidément pas Berlusconi.

« Tu quoque mi fili », avait déjà dit César à Brutus, qui lui portait le coup de poignard fatal.