Au terme du second tour, Oskar Freysinger s’est maintenu en tête de l’élection au Conseil d’Etat valaisan. Depuis 1986, on n’a plus vu un UDC prendre la première place dans un gouvernement romand. A l’époque, c’était le Vaudois Marcel Blanc qui avait coiffé au poteau ses alliés radicaux. A l’époque, le nom de Christoph Blocher était à peine connu, les UDC étaient des agrariens conservateurs, ils ne flirtaient pas avec la xénophobie, ils n’étaient pas anti-européens, car la Communauté européenne ne faisait guère débat pour les Suisses.
Cet exploit signale pour l’enseignant valaisan une obligation de résultats. Ceux qui ont choisi le ministre à la queue de cheval n’on pas voulu seulement exprimer une protestation contre les contrariétés de la vie politique valaisanne (Initiative Weber, LAT), ils veulent que les choses changent. Oskar Freysinger sera-t-il à la hauteur de ces attentes? Il est permis d’en douter, vu son passé de franc tireur, mais le respect des urnes oblige à lui accorder le bénéfice du doute, et à lui souhaiter bonne chance.
Le pire qui peut arriver aux Valaisans qui lui ont fait confiance, c’est d’être déçus une fois encore.
La socialiste Esther Waeber-Kalbermatten ravit la deuxième place, ce qui rassure sur la capacité des Valaisannes à se mobiliser. Un peu snobée par ses collègues durant sa première législature, elle devrait leur inspirer plus de respect, et gagner en autorité.
Les trois PDC ont réussi à se maintenir. Ils doivent une fière chandelle aux erreurs stratégiques des radicaux. La prochaine fois pour sauver leurs peaux, ils se devront de présenter des personnalités plus fortes, et au moins une femme.
Léonard Bender n’a pas accompli de miracle. Il est distancé nettement, ce qui est une consolation. Le pire aurait été de rater le siège pour quelques dizaines de voix. Le Valais devient ainsi le seul canton suisse (avec le demi-canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures) à se priver des libéraux-radicaux pour gouverner.
Au-delà des péripéties de la pierre turque de Christian Varone, c’est un signal que le PLR suisse aurait tort de minimiser. Si même en Suisse romande, le PLR marque ainsi le pas, alors le parti suisse est loin de la reconquête des cœurs que Philipp Müller s’est assignée pour tâche.
Léonard Bender a perdu, mais il a dit dans sa courte campagne deux ou trois choses que les élus de ce 17 mars feraient bien de méditer. Il faut mieux soigner les contacts du Valais avec les autres Confédérés. Le repli frileux n’amènera rien de bon au canton, c’est à l’extérieur qu’il faut convaincre. Pour relever les défis, le Valais se doit de moderniser ses institutions, et ne plus se laisser enfermer dans une logique de district, un peu clanique, qui l’empêche de voir et de créer la dynamique d’ensemble.