Trump nous rendra-t-il aussi nos chefs d’oeuvre?

Les Etats-Unis quittent l’UNESCO.

Est-ce vraiment une surprise?

Le désengagement des institutions internationales par les Etats-Unis fut longtemps une espèce d’hypothèse théorique pour les politologues amateurs de futurologie,… on y est, et cela risque de faire mal si l’Europe ne parvient pas à s’affirmer.

C’est le retour à la doctrine Monroe – chacun chez soi.

Dédaignant la protection du patrimoine mondial commun à la société des nations, Trump va-t-il aussi renvoyer tous les chefs d’oeuvre de l’art européen (ou d’ailleurs) dont les musées américains (privés et publics) regorgent?

On notera que ces derniers temps ceux qui ont saboté les efforts de l’UNESCO sont les talibans, les djihadistes islamistes…. et les présidents américains qui prétendent les combattre au nom de valeurs universelles!

P.S. Et Israël qui suit! Alors que Jérusalem est la cité qui symbolise le mieux la notion de patrimoine commun! Affligeant!

texte paru sur le site https://bonpourlatete.com/a-vif/trump-nous-rendra-t-il-aussi-nos-chefs-d-oeuvre

La Suisse change de parrain

Mauvais temps sur la Berne fédérale. D’abord le secrétaire d’Etat aux questions financières internationales Michael Ambühl a démissionné. Un genre de désertion du général juste avant la bataille. Puis, on a appris enfin le contenu de l’accord avec les Etats-Unis. Un accord qui n’en est pas un, qui n’est pas « global » c’est-à-dire soldant définitivement les contentieux du passé, mais une sorte de « programme de régularisation » offert aux établissements bancaires fautifs, a expliqué Eveline Widmer-Schlumpf.

Deux ans de négociation pour en arriver là… le résultat est aussi piteux que difficilement évaluable: impossible de savoir combien les banques vont devoir débourser.

S’il ne s’agissait que d’elles, on pourrait accepter ce deal : les banques ont fauté, qu’elles paient. Le problème, c’est que l’on demande au Parlement d’avaliser cette combine – officiellement de donner une base légale, comme s’il ne s’agissait que d’un petit détail juridique insignifiant.

Le Conseil fédéral exige en fait des Chambres qu’elles acceptent un arrangement dont elles ne peuvent évaluer les conséquences. C’est une grosse entaille à la souveraineté nationale, à côté de laquelle les agissements de l’Union européenne (avec laquelle nous partageons un marché) sont de très aimables exigences. Au moins avec l’UE sait-on ce que l’on risque et gagne.

Cette capitulation sans condition devant la puissance américaine contraste avec l’enthousiasme de Berne à la perspective de signer en juillet prochain un accord de libre-échange avec la Chine.

En ce maussade printemps 2013, la Suisse change de parrain.

Pendant toute la guerre froide, jusqu’en 1989, nous avons été de fidèles et dociles alliés des Etats-Unis, nous avons bénéficié de la bienveillance de l’Allemagne de l’Ouest, et de relations constructives avec la France et l’Italie. Désormais, les 27 membres de l’Union européenne nous mènent la vie dure car ils comprennent de moins en moins notre manque de solidarité continentale, nos réticences byzantines à travailler avec eux à la prospérité commune. Les Américains ont d’autres priorités et la mémoire courte sur les services rendus par la Suisse. Ils sont devenus impitoyables. Alors nous nous jetons dans les bras de la Chine, nous serons sa tête de pont opérationnelle en Europe. La Chine est bien sûr un grand marché, alléchant pour notre économie, mais ce n’est pas tout à fait une démocratie. Comment nous sommes nous retrouvés dans une situation pareille ? Comment nous sommes nous aliénés nos meilleurs partenaires historiques ? Quels politiciens seront-ils fiers d’assumer un tel bilan ?