« Savoir qu’il a été aimé est bien plus qu’un don, c’est une délivrance. » Notes de lecture

Quelques notes de lecture tirées de « Les Prix d’excellence », de Régis Wargnier. J’ai bien aimé, même si j’ai trouvé la fin un peu abrupte, après avoir fait s’entre-croiser tant de destins et de thèmes. J’espère qu’il en fera un film…

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« Les murs vont tomber, ceux qui séparent l’Est de l’Ouest. D’autres s’élèveront, au nom des dieux, entre citoyens d’un même pays. Mais les plus grands murs seront construits entre le Nord et le Sud, entre les possédants et les démunis. »

Cette évolution, presque brutale, des grands enjeux mondiaux, il l’attribua à ce qu’il avait dénommé « une haine aveuglante »: tout occupés à leur détestation et à s’espionner et s’affronter sans relâche dans tous les coins du globe, les deux grandes puissances avaient négligé les changements et les courants souterrains qui agitaient les peuples au sein de leurs alliances respectives. Quand ils en prirent conscience, c’était trop tard, les verrous avaient sauté de l’intérieur.  (PP. 82, 83).

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« Allez hop, on balance tout, on va recommencer ailleurs, mais ça ne marche pas comme ça, le malheur que tu laisses derrière toi, il court, il te rattrape… » (P. 235).

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Il y a des limites à la connaissance de l’autre, à la possibilité de l’intimité, et quelle que soit la proximité des corps. C’est aussi flagrant que l’instinct de vie, qu’on ne peut soumettre, il y a une réserve, une résistance à l’abandon, au don total. Une survie commandée par le sang, les viscères, l’esprit. (PP. 273, 274).

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L’éducation ne se contente pas de remplir les cerveaux (« mets-toi bien ça dans le crâne »), elle plonge dans les viscères, s’y insinue, s’y délecte, glisse dans les canaux du sang, et s’y colle pour la vie.

Elle est plus forte que l’intelligence, ou la compréhension, ou la réflexion, parce qu’elle est là avant, partout, derrière les yeux, au fond de la gorge, dans l’air des poumons. Pour ceux à qui elle ne convient pas, il faut l’extirper de soi, et c’est un combat sans merci, on peut s’y blesser, s’y perdre et puis sombrer. (pp. 369, 370).

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Chaque être est une ombre, un mystère, dont les fragments sont éparpillés, par l’oubli, par les secrets, par les mensonges, par les silences, par les chuchotements, par une main lâchée, par un regard perdu. Un jour, il faut les rassembler. (p. 413).

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Savoir qu’il a été aimé est bien plus qu’un don, c’est une délivrance. (p.417).

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Editions Grasset