Classement des parlementaires: où sont les Romands?

La Sonntagszeitung a publié son habituel classement des parlementaires. Pas sûr que l’on adopterait les mêmes critères et que l’on parviendrait aux mêmes résultats de ce côté-ci de la Sarine. Mais c’est toujours intéressant de voir comment nos champions régionaux sont perçus. Même si ce type de hit-parade a le don d’horripiler nos élus nationaux… surtout quand ils ne squattent pas les premiers rangs.

1 à 25

Urs Schaller (PDC/FR), le Romand alémanique, comme titre le journal, arrive en tête. Il est aussi le premier Fribourgeois.

Christophe Darbellay (PDC/VS) est 4e (et premier Valaisan)

Viola Amherd (PDC/VS) 6e

Christian Levrat (PS/FR) 7e

Roger Nordmann (PS/VD) 13e (et premier Vaudois)

Jean-François Steiert (PS/FR) 25e

26 à 50

Carlo Sommaruga (PS/GE) 31e (et premier Genevois)

Stéphane Rossini (PS/VS) 38e

Robert Cramer (Verts/GE) 42e

Géraldine Savary (PS/VD) 44e

Isabelle Moret (PLR/VD) 46e

De 50 à 100

Dominique de Buman (PDC/FR) 53e

Christian Luscher (PLR/GE) 54e

Luc Recordon (Verts/VD) 58e

Jean-René Fournier (PDC/VS) 60e

Jean-Fraçois Rime (UDC/FR) 61e

Liliane Maury-Pasquier (PS/GE) 68e

Antonio Hodgers (Verts/GE) 70e

Didier Berberat (PS/NE) 73e (et premier Neuchâtelois)

Guy Parmelin (UDC/VD) 81e

Claude Hêche (PS/JU) 82e (et premier Jurassien)

Laurent Favre (PLR/NE) 83e

Adèle Thorens Goumaz (Verts/VD) 84e

Ueli Leuenberger (Verts/GE) 85e

Anne Seydoux-Christe (PDC/JU) 86e

Luc Barthassat (PDC/GE) 87e

Ada Marra (PS/VD) 89e

Oskar Freysinger (UDC/VS) 91e

Hugues Hiltpold (PLR/GE) 97e

De 101 à 200

Jacques-André Maire (PS/NE) 121e

Yves Nigegger (UDC/GE) 130e

Jacques Bourgeois (PLR/FR) 136e

Josiane Aubert (PS/VD) 139e

Christian Van Singer (Verts/VD) 140e

Cesla Amarelle (PS/VD) 148e

Jean-Christophe Schwaab (PS/VD) 153e

Raphaël Comte (PLR/NE) 162e

Jacques Neirynck (PDC/VD) 164e

Jean-René Germanier (PLR/VS) 167e

Jean-Paul Gschwind (PDC/JU) 173e

Pierre-François Veillon (UDC/VD) 177e

Isabelle Chevalley (Vert’lib/VD) 178e

René Imoberdorf (PDC/VS) 181e

Céline Amaudruz (UDC/GE) 183e

Yannick Buttet (PDC/VS) 184e

Manuel Tornare (PS/GE) 189e

Olivier Français (PLR/VD) 198e

Pierre-Alain Fridez (PS/JU) 199e

Au delà du 200e rang:

André Bugnon (UDC/VD) 204e

Mathias Reynard (PS/VS) 205e

Maria Bernasconi (PS/GE) 206e

Jean-Pierre Grin (UDC/VD) 207e

Fathi Derder (PLR/VD) 210e

Eric Voruz (PS/VD) 215e

Olivier Feller (PLR/VD) 217e

Christine Bulliard-Marbach (PDC/FR) 220e

Valérie Piller Carrard (PS/FR) 221e

Francine John-Calame (Verts/NE) 224e

Mauro Poggia (MCG/GE) 233e

Fribourg: mobilisation moindre

Une élection complémentaire tient toujours un peu de la loterie, et permet parfois de faire basculer la majorité du Conseil d’Etat en cours de législature. Ce ne sera pas le cas à Fribourg. Jean-François Steiert n’a pas recapitalisé toutes les voix du premier tour (34505). Il n’est en tête que dans un seul district, celui de la Sarine, mais cette avantage urbain ne suffit pas. Avec 31352 voix, il rate son entrée au gouvernement pour 562 voix. Le PDC Jean-Pierre Siggen est donc  élu à la succession d’Isabelle Chassot.

C’est un revers pour le parti socialiste fribourgeois qui a placé Alain Berset au Conseil fédéral et Christian Levrat au Conseil des Etats dans la foulée. Jean-François Steiert n’ a pas bénéficié du même élan, alors qu’il a beaucoup et très loyalement contribué au succès de ses deux compères.

Neuchâtel, erreurs du passé et promesses d’avenir

Neuchâtel ouvre une nouvelle législature avec quatre élus entrant, et un sortant dont l’expérience gouvernementale date de quelques mois. C’est une configuration jamais vue. D’autres cantons ont connu de grands coups de balais – conjugant départs volontaires ou non réélection – mais jamais de cette ampleur.

Avec l’élection de Monika Maire-Hefti, le canton conjure la perspective d’être le seul à ne pas compter de femmes dans son éxécutif. Un collège composé de cinq hommes aurait constitué un pur scandale. A l’avenir, il faut que tous les partis, à droite comme à gauche, préparent, profilent et proposent des hommes et des femmes. N’y avait-il vraiment aucune femme au PLR neuchâtelois pour briguer un poste au gouvernement?

La part des femmes dans les conseils d’Etat reste inférieure à 25%, il y a encore beaucoup de boulot à accomplir à cette échelle du pouvoir suisse pour obtenir la parité!

Avec l’élection d’Yvan Perrin, on a désormais la certitude que celle d’Oskar Freysinger en Valais n’était pas un accident local. Si l’UDC a retrouvé sa place dans les exécutifs romands, elle le doit à la faiblesse du PLR. La preuve par le cas vaudois. L’an dernier, le PLR a placé dès le premier tour ses trois champions, Pascal Broulis, Jacqueline de Quattro et Philippe Leuba, alors que l’UDC Claude-Alain Voiblet (stratège du parti à l’échelle romande) n’est pas parvenu à inquiéter les candidats de la gauche, ni au premier, ni au second tour.

A Neuchâtel comme en Valais, ce sont les erreurs tactiques dans le choix des candidats, pour cette élection ou lors de précédentes, qui ont discrédité les libéraux-radicaux. Les procédures de sélection sont à revoir: un peu moins de copinage, un peu plus de lucidité sur les qualités et les défauts des papables.

Les succès de Perrin et Freysinger doivent aussi beaucoup à leur engagement personnel: en une décennie, ils ont conquis une visibilité médiatique et une notoriété qui devaient tôt ou tard leur ouvrir les portes d’un éxécutif. Avant eux, le popiste Josef Zisyadis avait connu cette bonne fortune: extrêmement populaire, il conquit un siège au gouvernement vaudois à la faveur d’une élection partielle. Mais, la greffe ne prit pas, il y eut des problèmes de collégialité, il ne parvint pas à se fondre dans le collège, et ses collègues même ceux de gauche (auxquels le popiste offrait une majorité) n’aidèrent guère à l’incorporer.

C’est le défi qui attend Perrin et Freysinger – sauront-ils prendre part à la dynamique gouvernementale, et les autres sauront-ils les aider à se transformer en ministres efficaces, à égalité de considération avec leurs pairs? Quel que soit le canton, les libéraux-radicaux sont écartelés entre l’envie de rompre avec une UDC dont ils ne peuvent partager les valeurs, mais dont le poids électoral est crucial pour ne pas laisser la gauche s’emparer des exécutifs. Mais les alliances électorales sont une chose, les responsabilités gouvernementales une autre: quand on est élu, on se doit de gouverner avec ceux que les citoyens ont choisi. On doit en tout l’essayer, loyalement, dans le respect du suffrage universel.

Après les mésaventures valaisannes et neuchâteloises, une réflexion s’impose pour le PLR suisse, qui devrait déboucher sur une stratégie nationale. Reprofilage du parti sur ses valeurs fondamentales ou alliance avec l’UDC? Pour la survie du PLR, il serait bon de trancher la question une bonne fois pour toute avec clarté.

Quant au parti socialiste, il apparaît une fois encore comme une redoutable machine à fournir des ministres. Chez lui, les problèmes de relève sont mieux gérés que dans d’autres partis.

Traumatisés par les affaires à répétition de la dernière législature, tous les élus neuchâtelois du jour ont juré de se montrer collégiaux. La manière dont Yvan Perrin sera incorposé au collège sera un premier test. Mais ce que l’on sait aussi, à la lumière des déboires d’autres cantons, c’est que les épreuves passées soudent les équipes, et leur procurent un surcroît de pragmatisme et d’efficacité. C’est tout ce que l’on souhaite au nouveau gouvernement neuchâtelois.

Deux cantons romands, Vaud et Neuchâtel, ont désormais un exécutif de gauche et un Grand Conseil de droite. Une donne difficile qui oblige chaque camp à se positionner avec finesse. Mais un laboratoire intéressant en ces temps où la démocratie souffre d’être trop souvent une succession d’intérêts partisans…