No Billag, une nouvelle histoire de poutre et de paille

Les débats qui précédent le vote sur les initiatives sont l’occasion de grands déballages. Plutôt que de discuter du texte proposé et de ses conséquences prévisibles, on pérore sans fin sur des sujets annexes. Ainsi, avant le 9 février 2014, on a beaucoup évoqué le manque de places dans les trains, et beaucoup moins la réaction prévisible des pays de l’Union européenne si nous décidions de donner un gros coup de canif dans l’édifice, patiemment construit, des accords bilatéraux. ( Nous sommes trois ans plus tard – l’encombrement dans les trains n’a pas changé – mais les ennuis que nous nous sommes créés avec l’UE ont été sérieux).

Avec No Billag, je constate que beaucoup se perdent dans les détails, par exemple en regrettant la manière dont la redevance est perçue. L’entreprise Billag n’est certes pas un modèle (le Conseil fédéral lui a d’ailleurs retiré le mandat), mais cela n’est pas le sujet.

D’autres critiquent tel ou tel programme de télévision, en passant totalement sous silence que les programmes de radio seraient aussi abolis, de même que le très riche site d’information de la RTS ne serait plus accessible. Sans parler des petites vidéos de Nouvo, formats prisés des jeunes consommateurs.

Si la redevance n’est plus perçue, la vérité, c’est que les téléspectateurs, auditeurs de la radio, et consommateurs du site de la RTS vont devoir débourser plus d’argent pour s’informer et se divertir. Payer plus pour avoir moins qu’avant, c’est une jolie définition de l’arnaque.

Alors, on peut dévier du débat, mais la conséquence de No Billag ce sera cela pour tous les Suisses, et particulièrement des Romands que nous sommes (et qui bénéficient de la clé de répartition favorable aux minorités latines!).

Il y aurait encore plein d’autres conséquences à évoquer, sur la démocratie et sur la cohésion nationale, sur l’emploi aussi, que j’évoquerais à d’autres occasions.

Mais prenons garde à cette histoire de poutre et de paille… Je cite la parabole (un peu d’écritures saintes, ça ne fait jamais de mal):

Matthieu chapitre 7, versets 3 à 5 :

« Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? Ou comment peux-tu dire à ton frère : Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans le tien ? Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l’œil de ton frère. »