Chacune et chacun d’entre nous tient mordicus à son identité, et entend légitimement que celle-ci soit respectée.
L’addition de nos identités entraîne une grande diversité.
De la diversité des identités et des points de vue naît la contradiction.
Toute société libre se doit de trouver les moyens d’arbitrer ces contradictions.
On n’a pas trouvé mieux que le droit et la démocratie pour gérer les contradictions. Toute société libre se fonde donc sur le droit, par opposition aux régimes totalitaires qui pratiquent le droit du plus fort et broient les individus qui ne s’y soumettent pas.
Mais le droit que se donne un peuple n’est rien s’il n’est pas reconnu par les autres.
C’est pourquoi se sont établies au cours des siècles des règles de droit international. Non pas pour corseter les états, non pas pour nuire à leur « autodétermination » comme le prétend l’UDC, mais pour arbitrer avec équité la diversité des points de vue.
Avec l’initiative sur laquelle nous votons le 25 novembre prochain, l’UDC veut opposer le respect de notre identité suisse au droit international. Selon elle, nous ne pourrions pas jouir des deux: nous sommes sommés de choisir un camp, et ceux qui défendent le non sont taxés de mauvais patriotes.
Une fois de plus, le parti blochérien veut nous faire adopter une posture victimaire et paranoïaque: les autres pays, et les institutions européennes en particulier, conspireraient à notre perte.
J’espère que le 25 novembre le non à l’initiative dite « pour l’autodétermination » sera tonitruant. Ce texte est dangereux parce qu’il introduit dans notre constitution de la confusion et des automatismes. Alors que le respect de la parole donnée est une qualité mondialement reconnue aux Suisses, il veut ruiner cette fiabilité en proclamant que quand cela nous chante, au gré de majorités populaires fluctuantes, nous reviendrions sur les traités signés et la parole donnée.
La Suisse a élaboré depuis 1848 un art de vivre et de respecter la diversité de ses habitants de cultures, de langues et de religions différentes. Ne sabotons pas cet héritage précieux. Votons non.