Le fantasme du journalisme sans journalistes

A écouter certains débats sur l’avenir du journalisme ou l’intelligence artificielle prend de plus en plus corps le fantasme du journalisme sans journalistes, dont ont rêvé certains éditeurs.

Au fait, pourquoi rêvaient-ils de remplir leurs journaux sans ceux dont c’est le métier? Parce que fondamentalement les journalistes sont des empêcheurs de tourner en rond, des emmm…. patentés, des ronchons, des grandes gueules, des jamais contents, des toujours critiques, des sceptiques par déformation professionnelle, des gens payés pour douter,…

Bienvenue alors dans le journalisme réalisé par la seule magie des algorithmes?

On sait comment vont les pays où les journalistes ne peuvent pas faire leur boulot librement. Qui a envie d’aller s’y établir? On devrait dès lors mesurer et chérir chaque jour ce que les démocraties doivent à leurs « chiens de garde ».

Une hypothèse: la technologie sert de cache sexe à ceux qui n’aiment pas les remises en question, la contradiction, la contestation…

Sous prétexte d’engranger les clics, on fait croire que la seule plus-value journalistique tiendrait désormais à la forme, et on oublie complètement le fond. Pour produire des contenus lisses, descriptifs ou amusants, on peut se passer de ces satanés journalistes qui ont l’outrecuidance de vouloir déranger, bousculer les certitudes, afin de faire réfléchir.