Contre No Billag: trop ou pas assez?

Trop ou pas assez. Après plusieurs sondages donnant l’initiative No Billag gagnante, le dernier en date indiquait un – heureux – renversement de tendance. Depuis, on voit fleurir une question: n’en a-t-on pas trop fait contre cette initiative?

J’ai plusieurs réponses :

1. Le sort de beaucoup de votations s’est joué à quelques petits milliers de voix près (6 décembre 1992; 9 février 2014), donc on n’est jamais trop prudent, chaque voix compte, il faut rester mobilisés jusqu’au bout. Il n’y a pas de préposés à faire campagne – il en va de la responsabilité de chacun/e.

2. Notre système de démocratie directe est abusé par des initiatives slogans, simplistes et populistes. L’énergie que l’on doit investir pour combattre ce dévoiement est proportionnelle à notre incapacité à réformer ce système.

3. No Billag est une attaque contre les minorités linguistiques, et donc contre l’essence même de la Suisse. On ne sera jamais trop pour stopper ce mépris de ce que nous sommes.

4. On n’est pas des Indiens, notre démocratie n’est pas faite pour envoyer des signaux de fumée à Berne ou à la SSR. Le texte proposé entrerait dans la Constitution!!C’est puéril et irresponsable de recommander le oui par tactique « parce que ce sera de toutes façons non ».

5. C’est bien que plein de milieux qui d’habitude ne s’expriment guère sur les votations prennent position. On peut espérer le 4 mars prochain un taux de participation moins apathique et calamiteux que la moyenne.

6. Il y a plein d’initiatives à venir qui nécessiteront le rassemblement des forces républicaines. Autant y prendre goût. Je me réjouis de voir les milieux artistiques combattre l’initiative dite d’autodétermination avec la créativité qu’ils ont mise dans cette campagne.

7. L’UDC a recueilli 30% des voix aux dernières élections. Compte tenu du taux de participation, le premier parti de Suisse représente 15% des citoyens. De temps en temps, c’est bien d’entendre les autres, tous les autres, faire plus de bruit!!!

8. Comme le montre la crise à l’ATS, le paysage médiatique suisse n’a pas fini d’imploser ( Google et Facebook n’ont pas attendu No Billag), le débat sur le service public audiovisuel, le rôle et les moyens alloués à la SSR va se poursuivre – pas besoin de voter oui à No Billag ( qui est certainement la pire réponse que l’on peut apporter au petchi actuel).

NoBillag et les JO, un peu de cohérence

J’aime bien faire des liens entre les dossiers.

Je vois fleurir des logos pour Sion 2026.

J’espère que tous ceux qui souhaitent que les Jeux aient lieu chez nous sont conscients que sans la SSR il sera difficile de produire/diffuser dans le monde entier les images des compétitions.

J’espère que tous ceux qui militent pour NoBillag mesurent les conséquences que pourraient avoir leur vote sur les chances de la candidature valaisanne…

On peut être contre l’organisation des JO en Suisse, pour de bonnes raisons. Mais si on est pour, il faut être cohérent, et donc rejeter NoBillag.

Car, sinon, qui produira/diffusera les images des JO dans le monde entier? Et à quel coût? On ne va quand même pas demander à France Télévisions ou à la RAI d’assurer le rayonnement des compétitions pour nous?

La farce du Brexit le démontre: il est irresponsable de faire voter des citoyens sur des slogans, sans se soucier des conséquences réelles. Accepter NoBillag, c’est abattre la SSR, et plus particulièrement la RTS, c’est-à dire priver les Romands d’une offre audiovisuelle et numérique de qualité et accessible à tous.

Rejeter NoBillag n’implique pas d’être épatés par tous les choix ou productions de la SSR et de la RTS.  Mais plus aucun débat critique sur le contenu des programmes ou le périmètre du service public ne sera possible en cas d’acceptation de NoBillag.

Le refrain que les partisans de NoBillag nous servent « je ne veux payer que ce que je consomme » constitue la négation de la solidarité qui lie les générations entre elles. Quand on aura appliqué à l’audiovisuel cette maxime égoïste, qu’est-ce qui empêchera de l’étendre aux transports, aux hôpitaux, à la formation,… ?

L’enjeu de cette votation est aussi celui de la formation de l’opinion des citoyens. Il faut se demander qui a intérêt à ce que les citoyens soient moins bien informés.