Le goût de l’utopie en chute libre

Le vote de 1989 sur l’initiative « pour une Suisse sans armée » a établi une sorte de standard: on juge l’insuccès des initiatives à contenu utopiste à son aune.

L’initiative anti-militariste avait engrangé 35,6% de oui.

En 2013, l’initiative 1:12 avait réuni 34,7% de oui.

En 2014, l’instauration d’un salaire minimum n’a recueilli que 23,7% de oui.

Aujourd’hui, le revenu de base inconditionnel a rassemblé 23,1%.

Le goût des Suisses pour l’utopie est en chute libre. A moins que ce dernier résultat ne témoigne plutôt d’une immense lassitude des citoyens face à la multiplication d’initiatives qui mobilisent l’agenda politique mais sont très éloignées de leurs préoccupations concrètes quotidiennes. De plus, les aventures financières ne sont guère prisées.

Ce 5 juin, si l’on considère également le résultat sur l’asile, signale l’inclination des Suisses pour la Realpolitik.

* publié le 5 juin 2016 sur le site de L’Hebdo 

Elus déconnectés du terrain: un nouvel exemple

Quel que soit le résultat de l’initiative Pro Services Publics, on peut déjà dire que le Parlement est passé complètement à côté de l’exaspération populaire face aux CFF, Swisscom et la Poste. La classe politique s’est montrée totalement déconnectée des réalités du terrain.

Elle débat sans fin de l’asile, alors que la situation est fonction des crises internationales et d’un cadre légal très influencé par le droit international (conventions de Genève sur les réfugiés, accords de Dublin).

L’histoire de cette campagne sur la qualité des services publics, qui s’est déroulée dans un climat de mauvaise foi stupéfiant de la part des opposants, plaide pour l’instauration de hearings durant lesquels les Chambres écouteraient les arguments des comités d’initiative, déblayeraient le terrain de leur interprétation et de leur application au cas où. De telles auditions permettraient de décider d’élaborer un contre-projet quand on constaterait que l’intention est bonne, mais sa traduction constitutionnelle pas adéquate.

Va-t-on vers le même constat de malentendu avec le congé-paternité ? Le texte des syndicats, lancé cette semaine, demande quatre semaines au moins pour les pères, financées de la même manière que le congé maternité, c’est-à-dire par les allocations pertes de gain, dont bénéficient les militaires.

Lors de la conférence de presse, Travail.Suisse a indiqué que ces quatre semaines pourraient être prises durant l’année qui suit la naissance. Cela ne figure pas explicitement dans le texte. C’est ce genre de détail qui peut empoisonner une campagne.

Sur le fond pourtant, la revendication d’un congé-paternité plus substantiel que les 1 à 5 jours accordés actuellement est totalement légitime. La Suisse, qui rêve de limiter le recours à la main d’oeuvre étrangère, accuse un profond retard sur les autres pays.

En fait, si l’on était vraiment moderne, si l’on était vraiment des citoyens du XXI ième siècle, on devrait être en train de discuter d’un congé parental de six à douze mois à répartir entre le père et la mère.

Là encore, la classe politique, du moins la majorité qui a refusé la proposition du PDC Martin Candinas en avril dernier, est totalement déconnectée du terrain, de la vie des jeunes couples, des aspirations des nouvelles générations. Beaucoup de parlementaires jugent cette revendication en fonction de son impact économique ou restent prisonniers de leur allergie viscérale à l’idée de parité homme-femme, ils ne veulent pas voir l’enjeu sociétal d’une telle mesure.

De nombreux sondages ont indiqué depuis des années que 80 % des Suisses sont favorables à un congé-paternité. C’est-à-dire que 80 % des Suisses aspirent à ce que les familles se développent harmonieusement dans le respect des aspirations et des rôles de chacun. Qu’est-ce qu’il y a de si difficile à comprendre ?

* publié le 29 mai 2016 sur le site de L’Hebdo 

Nouveaux présidents

A nouvelle législature, nouveaux dirigeants. Petra Gössi a été intronisée par les libéraux radicaux la semaine dernière, et hier Gerhard Pfister par le PDC, Albert Rösti par l’UDC. Du côté socialiste, Christian Levrat reste en place. Quant au parti bourgeois-démocratique, il a perdu son statut de parti gouvernemental.

Comment le nouveau quatuor va-t-il s’entendre ?

Les trois présidents de droite sont des novices. Ils se sont retrouvés propulsés sur le devant de la scène faute de mieux. Les candidats ne se bousculaient pas au portillon. Est-ce à dire qu’ils ne sont que des plans B ? Pas si sûr. L’aplomb avec lequel ils ont saisi leur chance d’être au haut de l’affiche montre un tempérament opportuniste, qui n’est pas forcément un défaut en politique :  savoir tirer avantage d’une situation imprévisible, s’engouffrer dans la brèche et triompher, ce n’est pas donné à tout le monde.

Comme personne ne les attendait dans le rôle de « prima donna » , ils auront à cœur de réussir,  ils se montreront constructifs. Le trio Gössi-Pfister-Rösti dispose en plus d’une solide majorité dans les deux chambres, donc d’une belle marge de manœuvre pour engranger des résultats.

Christian Levrat, lui, a perdu son sparring-partner préféré, Christophe Darbellay, avec lequel il avait réussi le coup politique le plus retentissant de l’histoire politique récente : l’éviction de Christoph Blocher du Conseil fédéral en décembre 2007. Forcément, cela avait créé des liens, dopé la complicité. Le conseiller aux Etats va donc se sentit très seul, d’autant plus que les trois autres présidents siègent tous dans l’autre chambre.

Il sera toutefois sauvé de la marginalisation par deux dossiers : la réforme des retraites, portée par Alain Berset. PDC et PLR savent que s’ils exagèrent, la gauche n’aura pas trop de peine à convoquer un referendum. L’avenir de notre prévoyance sociale exige réalisme et collaboration.

Pour ce qui concerne le sauvetage des accords bilatéraux, l’entente entre PLR, PDC et PS est encore plus cruciale pour renverser le trend isolationniste et économiquement suicidaire que l’UDC est parvenue à imposer le 9 février 2014.

Mais dans ce qui s’annonce comme le travail d’Hercule de cette législature, les chefs de groupe seront aussi à la manœuvre : le trio Filippo Lombardi (PDC), Ignazio Cassis (PLR) et Roger Nordmann (PS) apparaît à la fois plus rusé, plus expérimenté, et plus créatif dans la recherche de solutions.

Entre les présidents de partis et de groupes parlementaires, il y aura donc peut-être un rééquilibrage des forces et des influences.

Ce qui ne change pas en revanche, c’est la place congrue laissée aux femmes dans ces postes éminents. Petra Gössi, dont la fibre féministe est ténue, va devoir s’inventer un style, sans bénéficier d’un point de référence.

publié le 24 avril 2016 sur le site de L’Hebdo

La ténébreuse affaire Hildebrand

On connaîtra le 13 avril prochain l’épilogue de la ténébreuse affaire Hildebrand, du nom de l’ancien patron de la BNS, contraint de démissionner en janvier 2012.

Cette semaine le tribunal d’arrondissement de Zurich a essayé de comprendre les motivations de l’informaticien de la Banque Sarazin, qui révéla une transaction maladroite sur le compte du couple Hildebrand.

Pourquoi R.T. a -t-il décidé un matin d’aller regarder l’état du compte du patron de la BNS  ? Est-ce que les informaticiens de nos banques font souvent cela ? De quel esprit fouineur ou justicier était-il animé ? Quelqu’un lui a-t-il demandé de le faire ? Pour l’instant, le mystère reste entier, le prévenu, malade, ne s’est pas présenté à son procès.

On connaît mieux la suite. R.T. procède à une capture d’écran qui montre un achat de devises par l’épouse du patron de la BNS peu avant l’annonce de l’instauration du taux plancher du franc face à l’euro. Il y voit le signe d’un délit d’initié.

R.T. prend contact avec un ami d’enfance, avocat et élu UDC, Herman Lei, lui aussi inculpé. Là les versions divergent désormais. Ce qui est sûr c’est que les deux compères décident de faire part de leur trouvaille à Christoph Blocher. Le tribun zurichois voit tout le parti qu’il va pouvoir tirer de ces documents en organisant une fuite dans les médias, tout en alertant le Conseil fédéral. Le TagesAnzeiger a révélé cette semaine que Christoph Blocher et Roger Köppel, le rédacteur en chef de la Weltwoche, ont échangé 100 sms et appels téléphoniques entre le 3 et le 11 janvier.

Dans un premier temps, le Conseil fédéral a soutenu Philipp Hildebrand, lui renouvellant sa confiance. Ensuite, il s’est complètement laissé manipulé par le duo Blocher-Köppel. La maladresse est devenue une faute, un scandale. Sous la pression, l’homme qui parlait les yeux dans les yeux au marchés financiers et incarnait la volonté inébranlable de défendre un cours soutenable du franc, a démissionné. Ce 9 janvier 2012, la Suisse s’est vu brutalement privée d’un des hommes les mieux connectés aux réseaux de la finance mondiale. Trois ans plus tard, presque jour pour jour, la BNS a renoncé au fameux taux plancher, et depuis, l’industrie et le tourisme suisses sont en mode survie.

Philipp Hildebrand, lui, va bien. Son salaire est estimé à 7 millions de francs. Il est devenu le vice-président du plus grand fond d’investissements de la planète, BlackRock qui gère des avoirs à hauteur de 4700 milliards de dollars. Il a divorcé et refait sa vie avec Margarita Louis-Dreyfus, héritère du groupe du même nom.

A l’informaticien qui a violé le secret bancaire et à l’avocat entremetteur, Philipp Hildebrand a demandé 24 000 francs d’ indemnités. Mais, quel que soit le verdict, ce sont les Suisses, privés d’un banquier central brillant, qui s’était mis humblement au service des intérêts supérieurs du pays, qui devraient exiger des dommages et intérêts.

* Texte paru en italien dans Il Caffè le 3 avril 2016

publié le 3 avril 2016 sur le site de L’Hebdo

Politique économique: un débat d’avant-garde

Faut-il débattre en urgence de la situation économique ? Dès l’ouverture de la session de printemps, Verts, PS et PDC ont fait part de leur préoccupation. Les données économiques sont inquiétantes. Depuis la fin du taux plancher pour le franc suisse en janvier 2014, ce sont 20 000 postes de travail qui ont été perdus, dont 7000 depuis le début de l’année. La tendance négative s’accélère. *

Le président d’économiesuisse, Heinz Karrer, s’attend à une vague de délocalisations vers l’Europe de l’Est, la Grande-Bretagne ou l’Inde.

Mais, le pire n’est jamais sûr. Le Secrétariat à l’économie a communiqué mercredi sur le taux de croissance. Au dernier trimestre, il est remonté et sur l’année, ce n’est pas la catastrophe annoncée : 0,9 % de croissance du PIB pour 2015, c’est appréciable, même si en 2014, on était à 1,9 %. Pour 2016, le SECO se montre optimiste en prévoyant 1,5 %.

Pourquoi un tableau si contrasté ? Il y a beaucoup d’incertitudes. Que nous le voulions ou non, nous dépendons du sort de l’euro. Si la monnaie unique va mieux, la pression sur le franc suisse se relâchera, ce qui sera tout bénéfice pour nos industries d’exportation et le tourisme. Si la zone euro enregistre de nouvelles turbulences, alors le franc, valeur refuge, s’envolera vers de nouveaux sommets.

Ce qui mine aussi la place économique suisse, c’est le manque de perspectives claires sur l’impact de la réforme de la fiscalité des entreprises, et sur la manière dont nous allons mettre en œuvre l’initiative contre l’immigration de masse, acceptée en février 2014. Pour les entreprises, il est crucial de savoir si elles continueront à bénéficier d’un accès sûr au marché européen (et à sa main d’oeuvre).

Certains experts soulignent toutefois que ce contexte difficile oblige les sociétés à se montrer innovantes et strictes sur leurs coûts, et que cela explique la résilience exceptionnelle de l’économie dans son ensemble. De l’adversité naît l’excellence.

Dans ces conditions à quoi pourrait servir un débat parlementaire ? En Suisse, on n’aime pas trop que le politique se mêle de la marche des affaires. On croit aux vertus du marché. De plus, le chef du Département de l’économie, Johann Schneider-Ammann est un libéral pur sucre que l’interventionnisme d’État révulse.

Cette semaine à Berne, il y a eu une manifestation des taxis déstabilisés par l’émergence d’Ueber. Si les parlementaires veulent tenir un débat utile, ils devraient se pencher sur les effets de la disruption numérique sur l’ensemble des secteurs économiques, et ses conséquences en matière de formation, de fiscalité, d’assurances sociales. Ce serait au moins un débat d’avant-garde.   

 

* Chronique parue en italien le 6 mars dans Il Caffè

Le triomphe des socialistes lausannois

Six candidats élus à la Municipalité au premier tour comme il y a cinq ans. Le triomphe de la gauche lausannoise est éclatant, un rien écoeurant, décourageant, pour ses adversaires. Il semble inattendu, mais il est terriblement logique.

Le bilan de la Municipalité sortante est bon, le travail qu’elle a effectué convient bien aux besoins de ses administrés. Surtout le parti socialiste règne en maître incontesté sur la capitale vaudoise. S’il présentait à lui seul quatre candidats, s’il briguait la majorité du Conseil municipal pour lui, sûr qu’il y parviendrait! Les alliés verts et popistes, aspirés dans son sillage, peuvent lui dire merci.

Le trio socialiste qui s’impose en tête est divinement composé: Florence Germond, la responsable des finances, maîtrise les chiffres avec brio, Oscar Tosato (qui remporte un quatrième mandat) est un homme de terrain qui pratique empathie et pragmatisme, Grégoire Junod n’a pas son pareil pour empoigner les problèmes et trouver des solutions originales, à la fois fidèle à ses valeurs, mais à l’écoute de tous les citoyens. Une femme, deux hommes, des profils et des compétences complémentaires. Deux Lausannois de souche, un naturalisé, dont la trajectoire est emblématique de la capacité d’intégration de la ville et du canton.

Il y a dans le succès socialiste quelques leçons à tirer pour les libéraux-radicaux lausannois: ce qui manque à la droite lausannoise, c’est une équipe profilée de candidats et de candidates qui puissent faire figure d’alternative. Le PLR a désormais cinq ans pour constituer une dream team.

* publié le 28 février 2016 sur le site de L’Hebdo

Le triomphe des socialistes lausannois

Six candidats élus à la Municipalité au premier tour comme il y a cinq ans. Le triomphe de la gauche lausannoise est éclatant, un rien écoeurant, décourageant, pour ses adversaires. Il semble inattendu, mais il est terriblement logique.

Le bilan de la Municipalité sortante est bon, le travail qu’elle a effectué convient bien aux besoins de ses administrés. Surtout le parti socialiste règne en maître incontesté sur la capitale vaudoise. S’il présentait à lui seul quatre candidats, s’il briguait la majorité du Conseil municipal pour lui, sûr qu’il y parviendrait! Les alliés verts et popistes, aspirés dans son sillage, peuvent lui dire merci.

Le trio socialiste qui s’impose en tête est divinement composé: Florence Germond, la responsable des finances, maîtrise les chiffres avec brio, Oscar Tosato (qui remporte un quatrième mandat) est un homme de terrain qui pratique empathie et pragmatisme, Grégoire Junod n’a pas son pareil pour empoigner les problèmes et trouver des solutions originales, à la fois fidèle à ses valeurs, mais à l’écoute de tous les citoyens. Une femme, deux hommes, des profils et des compétences complémentaires. Deux Lausannois de souche, un naturalisé, dont la trajectoire est emblématique de la capacité d’intégration de la ville et du canton.

Il y a dans le succès socialiste quelques leçons à tirer pour les libéraux-radicaux lausannois: ce qui manque à la droite lausannoise, c’est une équipe profilée de candidats et de candidates qui puissent faire figure d’alternative. Le PLR a désormais cinq ans pour constituer une dream team.

Initiative de mise en oeuvre: une campagne si difficile

La campagne contre l’initiative « pour le renvoi effectif des criminels étrangers » est difficile. Les opposants au texte de mise en œuvre proposé par l’UDC passent dans les débats pour de gros naïfs irresponsables « qui défendent les criminels étrangers ».  

Alors, précisons : les gens qui commettent des délits continueront à être punis selon le droit en vigueur. L’initiative ne change rien à cela. Ce dont il est question, c’est de savoir ce que l’on fait d’eux une fois qu’ils ont purgé leur peine.

Un criminel étranger venu en Suisse pour commettre un forfait, et qui ne disposait donc pas d’un titre de séjour, est aujourd’hui déjà expulsé, après avoir été emprisonné. L’initiative ne change rien à cette règle.

Le texte de l’UDC veut créer un automatisme, il récuse le rôle du juge chargé d’examiner si on va expulser un étranger habitant légalement en Suisse une fois qu’il s’est acquitté de  sa peine, ou pas. La bataille des chiffres fait rage : 3900 étrangers seraient expulsés selon la loi d’application votée par le Parlement ou 10 000 selon l’initiative. Il est douteux de prétendre que dans 6100 cas, les juges se montreront trop tendres. Laissons les faire leur boulot en conscience !

L’attitude de l’UDC face aux juges suisses étonne. Ce parti qui estime qu’il faut récuser toute intervention des « juges étrangers » ne fait pas non plus confiance aux magistrats suisses pour examiner l’opportunité d’expulser un délinquant.

Ne pas se fier aux juges pour appliquer nos lois n’est pas anodin.

Ce qui distingue une dictature d’une démocratie, c’est justement le recours possible aux juges.

Là encore, la position de l’UDC apparaît paradoxale. Dans son dernier discours à l’Albisguetli, Christoph Blocher n’a pas hésité à prétendre que « la Suisse marche vers la dictature ».

Tous les exemples historiques montrent que l’on « marche vers la dictature » quand on s’en prend aux pouvoirs du parlement et à l’intervention des juges. Avec le pouvoir exécutif, ces deux piliers constituent dans nos démocraties un équilibre des pouvoirs, qui se contrôlent et se limitent mutuellement. Les abus commencent quand le parlement et les juges n’ont plus leur mot à dire, et que le couperet de la loi s’abat automatiquement sans la moindre possibilité de recours.

On redoute ces temps-ci beaucoup l’expansion du terrorisme. Les enquêtes menées sur le parcours de vie de ceux qui sèment la terreur montrent souvent que leur rage nihiliste s’est nourrie d’un sentiment d’injustice. Rendre la justice correctement et pas à la va vite est donc un impératif sécuritaire. Deux millions d’étrangers vivent chez nous, dont beaucoup sont nés en Suisse. Veut-on vraiment nourrir leur sentiment d’injustice, deux poids deux mesures, en les expulsant automatiquement vers leur pays d’origine biologique alors que leurs amis suisses, auteurs des même forfaits, seraient considérés comme ayant payés leurs detttes à la société après avoir été condamnés ? Sous cet angle, l’initiative de l’UDC est une vraie bombe à retardement pour notre sécurité.

* texte paru en italien dans Il Caffè

Quelques mots en italien à la tribune, ça ne suffit pas

Je ne suis pas Tessinoise, mais italophone. Je ne sais pas vous, mais moi je n’en peux plus d’entendre nos autorités fédérales délivrer en italien un ou deux paragraphes de leurs discours à la tribune. C’est un rituel helvétique : on commence en allemand ou en français, et puis hop, quelques phrases en italien et deux ou trois mots en romanche. C’est ainsi dans notre pays que l’on est « confédéralement correct ».

Je trouve que c’est un peu court. Je trouve que en matière de défense des minorités il y a beaucoup mieux à faire que ces figures de style. On devrait généraliser les échanges linguistiques à tous les étages de la formation, obligatoire, post-obligatoires, professionnelle. Rien de tel que l’immersion dans le monde « des autres » pour les comprendre, mais aussi éprouver plus de respect pour leurs positions de minoritaires. Donnons nous les moyens d’être une nation de plurilingues, comme le sont la plupart des Tessinois, et n’abdiquons pas cette ambition sous prétexte que les compétences n’ont pas été acquises à l’école. On a toute la vie pour apprendre.

Je trouve qu’il faut aussi cesser d’écorcher la langue des autres, donc flanquer les moins doués de nos politiciens de traducteurs attitrés. Est-ce respecter une minorité que de massacrer sa langue ? On peut en douter. La SSR devrait plus systématiquement traduire les émissions politiques en direct – comme le Conseil national parvient à le faire – afin que la subtilité des réflexions des uns et des autres puisse être captée. Et puis, cette traduction simultanée serait un exercice national au moins hebdomadaire de plongée dans les idiomes des autres – un grand laboratoire de langue géant. J’écoute, je réécoute, je checke que j’ai bien compris en prenant la traduction.

Troisième mesure urgente, se donner les moyens d’avoir un conseiller fédéral tessinois avant 2050. Avec le système électoral actuel, il y aura toujours des raisons partisanes ou d’équilibre hommes-femmes pour barrer la route à un candidat tessinois. Il faut donc décupler les chances en faisant passer le nombre de conseillers fédéraux à 9. Je suis sûre qu’il se trouvera 100 000 Tessinois pour signer une telle initiative populaire et même quelques autres Confédérés qui se demandent pourquoi on reste accrochés à un système conçu au milieu du XIXème siècle !

Avec 9 élus, le gouvernement serait plus représentatif, plus efficace, plus musclé pour affronter les défis. Le fétichisme autour de 7 conseillers fédéraux n’a plus lieu d’être, surtout quand il désespère une région entière du pays et lui fait sentir, qu’au fond, la prise en compte de ses intérêts n’est jamais une priorité. La Suisse est trop petite pour tolérer la marginalisation d’une communauté qui fonde, à l’égale des deux autres, et indépendamment de leur taille respective, son identité singulière.  

* texte paru en italien dans Il Caffè le 20 décembre 2015

Le vote de l’Assemblée fédérale comparé à la volonté populaire

L’Asssemblée fédérale a réélu dans l’ordre:

– 1. Didier Burkhalter

– 2. Doris Leuthard

– 3. Alain Berset

– 4. Johann Schneider-Ammann

– 5. Simonetta Sommaruga

– 6. Ueli Maurer

Notre sondage publié le 19 novembre donnait un classement un peu différent. Si le peuple avait pu voter, il aurait assuré la première place à Didier Burkhalter, la seconde à Alain Berset, la troisième à Doris Leuthard, la quatrième à Simonetta Sommaruga, la cinquième à Ueli Maurer. Et il n’aurait pas réélu Johann Schneider-Ammann.

http://www.hebdo.ch/hebdo/cadrages/detail/la-cote-d%E2%80%99amour-du-conseil-f%C3%A9d%C3%A9ral