La tour d’ivoire des scientifiques, c’est bien fini

Il n’y a pas si longtemps encore, on reprochait aux chercheurs et aux scientifiques de rester « dans leurs tours d’ivoire » académiques. C’est intéressant de voir qu’ils figurent désormais en première ligne pour défendre la libre-circulation des cerveaux. Sujet bien connu en Suisse depuis le brutal réveil du 9 février 2014. Et maintenant, préoccupation des chercheurs américains.

A dire vrai, ce retour dans le champ politique a commencé avec la mise en cause de l’idée de progrès et du progrès scientifique en particulier à partir des années 1970.

C’est le moment de rappeler qu’à la Renaissance, les humanistes et les artistes étaient sur tous les fronts. Voyez Léonard de Vinci, Galilée, Erasme,…

Sortir du cocon, sortir de sa « bulle » dit-on désormais, défendre ses idées et ses valeurs, aller voir ailleurs, ne pas craindre la découverte et la remise en question, voilà un impératif universel.

Le mépris de la politique finit toujours pas se retourner contre ceux qui le professent.

Trump, apocalypse now, et les indignés

Vous je ne sais pas, mais moi je sature avec l’ambiance « apocalypse now » de ce 20 janvier. Non pas que je veuille minimiser les risques ou le choc que représentent une présidence Trump, mais bon, voilà: Donald Trump va être président. S’il dérape grave, il y aura toutes sortes de contre-pouvoirs qui se dresseront. C’est cela la démocratie: un rapport de force entre une majorité et des minorités.

Cette présidence offre à tous ceux qui la contestent ou la redoutent, à tous les indignés, l’opportunité de se lever, de se dresser, d’argumenter, de défendre d’autres points de vue, de proposer d’autres solutions. La présidence Trump est peut-être inquiétante, elle sera passionnante.

Un homme, fut-il président des Etats-Unis, ne change pas l’histoire à lui tout seul. On l’a bien vu avec Barack Obama.

La naturalisation facilitée pour conquérir de nouveaux citoyens actifs

On reproche aux étrangers de la 3ème ou la 2ème génération leur désintérêt civique: s’ils ne se sont pas déjà naturalisés, c’est que la politique suisse, locale, cantonale ou nationale ne les intéresse pas. J’aimerais rappeler que un Suisse sur deux en moyenne ne vote pas (et je connais peu de partis et d’élus qui s’en émeuvent sérieusement et essayent d’y remédier!).

Il est temps de faire un geste pour dire à la 3ème génération qu’elle doit participer pleinement. Qui paie des impôts doit pouvoir voter. C’est un principe fondamental dans une démocratie digne de ce nom.

Et c’est aussi une belle conquête de la démocratie que d’élargir le cercle des citoyens actifs.

 

Un jour sans migrants: no pizza

Formidable Emma Bonino. Participant au Youth and leaders de SciencesPo Paris, l’ancienne ministre italienne des affaires étrangères  propose de tester « une semaine sans migrants » pour se rendre compte qu’ils ne prennent pas le travail de leurs pays d’accueil, mais accomplissent les jobs dont plus personne ne veut. « Il n’y aura plus de pizza », plaisante-t-elle car ce sont désormais les immigrés égyptiens qui les préparent en Italie.

On avait fait cela avec la grève des femmes en 1991 en Suisse, une journée pour montrer leur importance économique. Et attirer le respect.

Emma Bonnino a tenu un discours formidable sur la nécessité de considérer l’arrivée de migrants à la lumière de nos besoins démographiques.

le lien sur la conférence:

https://livestream.com/sciencespo/events/6871137/videos/146943413

Populisme, simplisme, simplets

Très piquante formule d’Erik Orsenna en conversation avec Eric Fottorino dans Le 1 hebdo à propos de la démondialisation comme déni de réalité, paresse, refus de la complexité: « … Les politiques veulent simplifier car on vote pour le simple. Ne parlons pas de populisme mais de simplisme. Bientôt il n’y aura plus que des simplets au pouvoir. »

Je sens que l’on va souvent y penser à partir du 20 janvier. En attendant, la lecture de ce numéro consacré à la fin du monde mondialisé est particulièrement roborative. L’interview du diplomate géographe Michel Foucher « Un monde démondialisé, c’est un monde en guerre » est brillante.

http://le1hebdo.fr/

2017 et les prophéties auto-réalisatrices

Je viens de lire un article qui fait allusion aux prophéties auto-réalisatrices. Il s’entrechoque dans ma tête avec tous ceux qui commentent l’état du monde et/ou de l’Europe sur le mode catastrophiste. 2017 année cataclysmique de tous les dangers?

Y-a-t-il encore des optimistes, sont-ils forcément des imbéciles heureux? Je n’aime pas cette époque qui se complaît dans le noir et l’angoisse.

Il n’y a aucun problème (du populisme au climat, en passant par les guerres) dont nous ne connaissions la solution, seul manque le courage d’agir, de regarder la réalité en face, de s’entendre, de faire des concessions.

Franchises maladie: qui pourra payer?

Si j’ai bien compris, on va augmenter le prix de la franchise pour RESPONSABILISER les assurés. Depuis le temps, toutes ces années où les primes d’assurance-maladie ont pris l’ascenseur, il me semblait qu’ils l’étaient déjà…. je doute que de nouvelles hausses ne soient qu’un noir paravent pour entériner une médecine à deux vitesses. La santé, il y a de plus en plus ceux qui ont les moyens de la préserver, et ceux qui doivent renoncer.

Faut-il rappeler que près de 27% des assurés touchent des subsides pour payer leurs primes? Comment vont-ils pouvoir s’acquitter d’une franchise supérieure?

Dans le vaste débat sur les classes moyennes et les inégalités, il y a un point qui est en général admis: les primes d’assurance-maladie rognent le pouvoir d’achat et nourrissent dans la population le sentiment de déclassement. Malgré les augmentations de salaire, le niveau de vie ne s’améliore pas.  Le parlement veut-il vraiment encourager cette grogne?

Le « charme » de Doris Leuthard

Doris Leuthard a été élue présidente de la Confédération pour 2017. Ce rituel lui vaut de nombreux portraits et des louanges certainement méritées. La démocrate-chrétienne est un de nos meilleurs ministres actuellement  en poste.

Un détail m’agace ou peut-être que c’est mon féminisme qui s’agace: cette unanimité à souligner son « charme ». Je me demande si les mêmes l’année prochaine évoqueront le « charme » d’Alain Berset. On écrit rarement d’un politicien qu’il a du charme, on parle de son charisme, et on ne juge pas son action politique à cette aune-là. Quand il s’agit d’une femme par contre…

Pour sa deuxième année de présidence, on aurait peut-être pu lui épargner ce sexisme ordinaire.